En sit-in, hier, le Collectif des amicales de l’Université de Dakar a exigé «la libération de la plus grande détenue politique» qu’est l’Ucad. Selon les étudiants, cette fermeture du temple du savoir qui n’a que trop perduré, a créé plus de dégâts chez les universitaires.
Les étudiants ont tronqué, hier, leurs cartables qui ne peuvent plus contenir leur trop plein d’amertume, née de la fermeture de l’Ucad. «Même dans les pays où la guerre sévit, les universités n’ont jamais été fermées. Aujourd’hui, avec l’Etat du Sénégal, les autorités universitaires se sont permis de fermer l’université pour neuf mois livrant ainsi les étudiants à une situation précaire, à des conditions très difficiles», enrage le président de l’amicale de la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Aliou Diallo, soulignant qu’il est inconcevable que les étudiants puissent utiliser le campus pédagogique pour leurs révisions sans pour autant l’utiliser pour leurs examens. «Il est également inadmissible que le campus social qui est resté intact soit paradoxalement fermé et que les étudiants soient obligés de se trouver un logis», assène Aliou Diallo, au moment où une voix au milieu de la foule fulmine : «Ce n’est pas normal». Il est suivi par une horde d’étudiants présents sur le parvis de la Faculté de médecine où se tenait le sit-in.
«La bavure policière de trop… »
De l’avis du Collectif des amicales, il est temps que l’Ucad rouvre ses portes après neuf mois de fermeture. «Aujourd’hui, comme il y a un dégel, des détenus politiques sont même en train d’être libérés alors que l’Ucad ‘’plus grande détenue politique’’ est en détention. Dans un pays normal, l’Ucad serait la première à être ‘’libérée’’», fait-il savoir. Un pays, explique Aliou Diallo, ne peut pas fonctionner sans une bonne éducation de ses enfants. «L’élite du pays est formée au sein même de l’université. Ceux qui siègent dans le gouvernement sont issus pour la plupart de l’Ucad. Rien que pour cela, l’Etat devrait penser à la situation des étudiants et rouvrir l’université Cheikh Anta Diop», a estimé le président de l’amicale des étudiants de la Faculté de médecine qui s’émeut de la situation de certains de ses camarades qui ont péri dans l’Atlantique tandis que certains ont trouvé la mort sur le chemin du Nicaragua. «Ceux-là étaient à la recherche d’un avenir meilleur que devait leur offrir l’Ucad si les autorités étatiques étaient dignes de ce nom et étaient prêts à faire des sacrifices afin que les étudiants puissent étudier dans leurs meilleures conditions», a-t-il encore estimé avant de faire part de leur compassion, suite au décès de Prosper Clédor Sène, étudiant à l’Université Gaston Berger (Ugb), qui a succombé, hier, à ses blessures à l’hôpital Principal de Dakar. Ce qui porte à quatre, le nombre de décès suite aux manifestations sur le report de la présidentielle.
Pour le Collectif des amicales de l’Ucad, il est temps que les forces de défense et de sécurité s’abstiennent de tirer à bout portant sur des étudiants.
Ndèye Maguette SEYE