Le citoyen lambda risque de subir une crise «beaucoup plus profonde» que celles de la Covid-19 et de la hausse des cours mondiaux des denrées de première nécessité, a déclaré, hier, Baïdy Agne du Conseil national du patronat (Cnp) non sans indiquer que les entreprises privées et publiques ont perdu plusieurs centaines de milliards avec la spirale de violence de ce début du mois de juin courant.
Ce n’est pas encore le bout du tunnel pour les entreprises sénégalaises qui vivotent d’un côté entre les répercussions de la Covid-19, les hausses d’humeur du baril du pétrole et les pillages vécues en ce début du mois de juin courant. «Avec les manifestations notées ces dernières semaines, des entreprises du secteur privé du pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique ont été brûlées, pillées et vandalisées. Il s’en est suivi un arrêt de leurs activités économiques quasi-généralisé pendant trois jours. Au total, des centaines de milliards FCA ont été perdues en investissements et en chiffre d’affaires», a révélé Baïdy Agne non sans rapporter le message du Patronat. «Notre message, celui de tout investisseur national et étranger, est qu’il n’est pas acceptable et incompréhensible que l’entreprise continue d’être ciblée, saccagée, pillée, brûlée et sacrifiée en raison de différends et de divergences politiques. Aujourd’hui, inquiétudes et incertitudes nous animent tous», a fait part, hier, le président du Conseil national du patronat du Sénégal, en marge de la réunion de son Bureau exécutif national.
De l’avis de Baïdy Agne, les entreprises vont vers des jours encore «plus sombres». «La vérité, nous la disons: Nous risquons de subir une crise beaucoup plus profonde que la Covid-19 et de la hausse des cours mondiaux de denrées de première nécessité, sans oublier les chocs exogènes auxquels nous sommes actuellement confrontés. Le Cnp rappelle que les risques d’investir, de créer des emplois, de contribuer substantiellement à travers les impôts au budget de l’Etat, de donner une protection sociale aux travailleurs, c’est l’investisseur national et étranger qui les prend», fait remarquer le président du Cnp, aux côtés de certaines entreprises lourdement impactées par les casses, pillages, mises à sac notés entre le 1er et le 3 juin, à la suite du procès opposant Ousmane Sonko leader du Pastef à l’ex-masseuse Adji Sarr.
«Une perte sèche de 150 millions Cfa pour chacune des 14 banques»
Sur «le sprint» des entreprises impactées, les banques sont certainement sur la haie de départ avec une perte sèche de 150 millions Cfa pour chacune des 14 banques qui ont été attaquées, a révélé Bocar Sy, l’administrateur général de la Bhs. Pour sa part, la Sonatel a déclaré avoir perdu plus de 677 millions Cfa à cause de la coupure d’internet ce qui l’a poussée à mettre 309 travailleurs en chômage technique. Tandis que son concurrent, l’opérateur de transfert d’argent Wave dit avoir noté une baisse de 40 % de l’utilisation de ses services pour au total 7 millions de clients impactés par la coupure d’internet.
Des pillages à grande échelle qui ont poussé le patronat à crier sa colère. «Brûler et piller une entreprise quelle que soit sa taille, c’est bien plus que détruire des investissements privés. Oui, c’est priver des Sénégalais d’emplois et de revenus. C’est moins de recettes fiscales pour l’Etat pour soutenir notre population. C’est inviter les investisseurs nationaux et étrangers à regarder ailleurs, d’autres pays plus sécurisants et plus protecteurs de leurs droits», a encore expliqué Baïdy Agne ajoutant que le monde se divise, se reconstruit en nouveaux blocs.
Ndèye Maguette SEYE