Le président des Comores, Azali Assoumani hérite, à l’occasion du 36ème sommet de l’Union africaine, de la présidence de l’instance continentale. En 2000, il avait été exclu du 36ème Sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (Oua) parce qu’il était arrivé au pouvoir par le biais d’un putsch militaire.
Au début des années 2000, l’actuel président de l’Union africaine Azali Assoumani était tenu loin des travaux de l’instance panafricaine. A la tête d’une junte militaire, le président des Comores était désapprouvé par les pays du continent africain. Il venait de surgir sur la scène politique en 1999 à la faveur d’un des nombreux coups d’État qui ont agité le petit archipel de l’océan Indien depuis son indépendance de la France en 1975. Le Colonel Azali Assoumani n’était donc pas admis au 36e Sommet des chefs d’État et de Gouvernement de l’Oua à Lomé en juillet 2000. Aujourd’hui, ce 36ème sommet d’Addis-Abeba apparaît pour lui comme un signe du destin. Et également comme une sorte de revanche qu’il a prise sur les cendres de l’Oua ayant donné naissance, en 2002 à Durban, à l’Union africaine. Ancien chef d’état-major de l’armée, 64 ans, Azali succède au Sénégalais Macky Sall, devenant ainsi le premier Comorien à prendre la présidence tournante de l’Ua.
Le président de l’archipel des Comores étendu sur 1 870 kilomètres carrés et peuplé de moins de deux millions d’habitants, entend privilégier, durant son mandat «le dialogue, l’écoute et le rassemblement». Il estime que ce sont les «conditions indispensables» pour faire de sa présidence, celle «du succès» pour l’Afrique. Il y a quelques mois, pendant qu’il battait campagne pour la présidence de l’Union africaine, Azali Assoumani était au ban des organisations de défense des droits de l’homme. Plusieurs de ces Ong ont estimé que depuis le retour du colonel Azali Assoumani au pouvoir en mai 2019, 35 personnes ont été assassinées par des militaires sous son commandement.
Il a réussi à dissoudre la Cour constitutionnelle, modifié la Constitution pour étendre d’un à deux mandats la durée de la présidence tournante des Comores. Il a aussi fait arrêter ses principaux opposants, dont l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi pour corruption. En détention préventive pendant plus de quatre ans, Abdallah Sambi a finalement été condamné en novembre à la prison à vie pour haute trahison, au terme d’un procès dénoncé comme inéquitable. Certains considèrent tout simplement comme un «échec» l’arrivée de Azali Assoumani à la tête de l’Union africaine. Et espèrent peu qu’il puisse mener l’Union africaine vers la bonne direction.
Baba MBALLO