Comme dans toutes les arrestations lors des rassemblements non autorités, on note une confusion sur la présentation des prévenus jugés, hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Les 12 individus interpelés depuis le 02 février dernier ne sont pas tous des militants de Pastef. C’est ce qui est ressorti de leurs dépositions à la barre.
Le procès des 12 militants de Sonko s’est tenu, hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Une occasion qui a été saisie par le tribunal pour revenir sur les profils des prévenus. De professions différentes, ces derniers sont composés en majorité d’ouvriers et de commerçants. Poursuivis pour «participation à une manifestation non déclarée», ils tous nié les faits à la barre et leur appartenance à Pastef/Les Patriotes. Boubacar Baldé, vigile de son état demeurant à Ouakam, a ouvert le bal. Il a déclaré avoir été arrêté vers Auchan de la Cité Keur Gorgui. Alors qu’il vaquait à ses occupations. Idem pour Ibrahima Pouye qui a nié lui aussi ce qu’on lui reproche. Agent de nettoyage, il est domicilié aux Parcelles Assainies. Il y a aussi Fakèba Cissé, menuisier, demeurant à Liberté 6.
Sur la liste, figure Alpha Moussa Sow, tailleur qui habite à Yeumbeul. «Je partais en ville à la recherche d’une pièce détachée qui coûte sept mille francs Cfa. Je ne détenais que 12 mille francs Cfa par devers moi», confesse-t-il. Commerçant demeurant à Golf, Djiby Faye a été une fois jugé pour coups et blessures volontaires. Il a été condamné à 15 jours de prison ferme. Son coprévenu, à savoir El Hadji Malick Gaye, est lui aussi commerçant domicilié aux Hlm. Cheikh Dièye, quant à lui, est plafonnier. Il habite aux Hlm. «Je revenais de mon chantier qui se trouvait à côté du mur du cimetière de Saint Lazar. C’est là qu’on m’a interpellé», confie Lamine Ndom. Il est maçon demeurant à Yoff. Le prévenu Abdou Daouda Kébé est maître-coranique habitant aux Parcelles Assainies.
Des gendarmes «égarés»
Plâtrier demeurant à Boune, El Hadji Badji, a soutenu qu’après le renvoi du procès, lui et son ami, se sont rués vers Mermoz pour se rendre à leur lieu de travail. Arrivés aux alentours de la Cité Keur Gorgui, il a été interpelé par les policiers en check-point. Le prévenu Mouhamed Touré, est lui aussi commerçant, demeurant aux Parcelles Assainies. Il y a également un journaliste sur la liste des prévenus. Reporter à la chaine de télévision 7Tv, Matar Cissé, domicilié à Sacré-Cœur, a été interpelé dans les mêmes circonstances que ses coprévenus. «Je suivais le procès en ligne. A un certain moment, j’ai décidé de me rendre au tribunal de Dakar. Malheureusement, j’ai été interpelé à hauteur de la Cité Keur Gorgui. Le policier ne m’a même pas accordé le temps de m’exprimer», déclare-t-il. Selon lui, il avait perdu sa carte de presse maison au cours de son arrestation. Et que, ce jour, il n’était pas en service. «Je voulais rejoindre Waly Dione, un confrère en service à la 7Tv», confie-t-il. Sur le procès-verbal, fait savoir le procureur, Matar Cissé a été présenté comme un ouvrier. Ce qu’il conteste soutenant qu’il y a des journalistes dans la salle d’audience. Ces derniers se sont mobilisés pour le soutenir.
Après leurs dépositions, le procureur a pris la parole pour faire son réquisitoire. Il a tenté de balayer d’un revers de main les déclarations des prévenus. Selon lui, ils étaient à la Cité Keur Gorgui pour soutenir Ousmane Sonko. Ce jour-là, dit-il, il y a eu effectivement une manifestation à la Cité Keur Gorgui. « Nous avons tous vu les images sur les réseaux sociaux. C’est une manifestation qui n’a pas été autorisée. Cette autorisation n’a pas été faite au préalable. Les faits sont constitués. Je requière six mois de prison ferme contre Djiby Faye, Lamine Ndom, EL Hadji Badji, Diop et Alpha Moussa Sow. Pour les autres, je me rapporte à la sagesse du tribunal», requiert-il.
Les avocats de la défense, pour leur part, qualifient ce procès d’acharnement sur des citoyens estimant que les gendarmes ayant rédigé le procès verbal sont des «égarés». Le tribunal, qui a suivi le parquet, a rejeté la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats. Le verdict sera rendu le 16 février prochain.
Salif KA