En lançant samedi la vente des cartes de membre de son parti, le chef de file de l’Alliance pour la République (Apr) pose encore un autre pas en perspective de la prochaine élection présidentielle.
Devant des militants surexcités, scandant son nom, le président Macky Sall a procédé au lancement de la vente de plus d’un million de cartes. L’objectif du chef de file de l’Alliance pour la République (Apr), le parti présidentiel, est de déployer ses troupes sur toute l’étendue du territoire national en vue d’une restructuration et de la remobilisation du parti. A près de 15 mois de la prochaine élection présidentielle, seul Macky Sall sait s’il sera candidat ou pas. Il garde toujours le mystère. Mais, les actes qu’il pose au quotidien dont le lancement de la vente des cartes et l’excitation de son camp laissent peu de doute sur ses intentions. Le président Macky Sall a manifestement levé l’omerta sur son troisième mandat qui a valu de lourdes sanctions et même des exclusions à des responsables politiques qui ont outrepassé la directive.
Aujourd’hui, les langues se délient. Les responsables de son parti et de sa mouvance présidentielle se montrent déterminés à faire de lui leur candidat. «Nous n’allons pas laisser ce pays entre les mains des aventuriers. Si aujourd’hui, le président Macky Sall cherche à renoncer au troisième mandat, nous allons lui tordre le bras pour qu’il se présente par force. Parce que là où nous sommes, c’est le peuple qui le réclame», a déclaré, il y a quelques semaines Racine Talla, maire de Wakhinane-Nimzath.
Pour son dernier gouvernement de «combat» et de «défis», il a fait un savant dosage de femmes et de jeunes. Macky Sall, en tacticien, a nommé un ministre de la Justice acquis à sa cause. Il a ramené certains poids lourds de son parti qui étaient laissés en rade après la formation du gouvernement de 2019, à l’image d’Aly Ngouille Ndiaye. Il a aussi placé, selon certaines indiscrétions, un de ses hommes à la tête du Conseil constitutionnel, en l’occurrence du juge Mamadou Badio Camara. Ses partisans croient dur comme fer et laissent le libre arbitre au Conseil constitutionnel. Dans la même stratégie, le leader de la coalition Benno bokk yakaar a fini de faire le vide autour de lui. En continuant de brouiller les pistes sur son éventuelle candidature. En gardant le silence, Macky Sall tient en respect ses alliés. Ces derniers, au niveau du timing qu’il leur impose, n’auront pas les coudées franches pour préparer leurs candidats à aller à la rencontre des populations. Et seront contraints au dernier moment, par manque de temps de se rabattre sur leur choix. Mais, l’opposition qui ne l’entend pas de cette oreille se battra avec ses moyens pour lui obstruer la route. «Ce troisième mandat est une idée qui ne devrait même pas être débattu, parce que c’est réglé par la constitution sénégalaise. Tous ceux qui se sont targués d’avoir participé à la rédaction de cette constitution ont répété jusqu’à maintenant, qu’un 3ème mandat était impossible», expliquait, il y a peu, Mamadou Diouf, professeur d’histoire à l’université de Columbia aux Etats Unis.
Thialice SENGHOR