Amadou Bâ revient aux affaires mais cette fois-ci en tant que chef du gouvernement. Macky Sall s’est choisi une forte tête qui pourrait jouer le rôle de dauphin. Cependant, il devrait faire avec des hommes du président qui pourraient lui mener la vie difficile.
Le président Macky Sall a enfin mis en place son gouvernement dont le choix de la tête n’est pas fortuit. En choisissant Amadou Bâ comme chef du gouvernement, il mise aussi sur lui pour 2024 en lui donnant plus de visibilité pour être un candidat crédible et faire face aux autres candidats de l’opposition. «Macky Sall qui cache souvent son jeu, a, peut-être, agi ainsi pour le neutraliser dans l’éventualité d’une troisième candidature. Car, Amadou Bâ aurait une marge de manœuvre très réduite si cela se produit», tempère Mame Gor Ngom. L’analyste politique, pour étayer ses propos, soutient que la nomination de Mame Mbaye Niang, «l’un des plus grands pourfendeurs» d’Amadou Bâ, peut entrer dans cette grille d’analyse. Une manière de mettre des barrières autour d’un Premier ministre qui a toutes les raisons de lorgner le fauteuil présidentiel d’un Macky en principe en fin de mandat. «C’est un gouvernement hybride, avec de nouvelles têtes apolitiques, un Premier ministre, forte tête qui pourrait jouer le rôle de dauphin, mais qui devrait travailler avec des hommes du président qui pourraient lui mener la vie difficile. C’est très difficile de saisir ce que le président veut ou compte faire», décrypte le journaliste, diplômé de Sciences politiques.
A son avis, le retour de M. Bâ dans un gouvernement après une descente aux enfers, peut signifier un retour dans les «grâces» du président de la République qui avait opté de faire le vide après l’élection présidentielle de 2019, du moins se débarrasser de certaines fortes têtes. Et dans cette optique, dit-il, son retour peut être analysé comme celui d’une forte personnalité à qui le président a mis à l’épreuve et qui sort grandi. Parce qu’il n’avait pas quitté de gaieté de cœur le ministre de l’Economie pour celui des Affaires étrangères. En plus d’avoir avalé beaucoup de couleuvres, sans être soutenu par son mentor.
Forces et faiblesses
L’analyste politique souligne qu’en tant qu’ancien ministre de l’Économie et des Finances, il a une maîtrise des rouages et pourrait user de son expérience pour mettre l’accent sur les priorités déjà identifiées. Les urgences de l’heure étant la lutte contre le coût élevé de la vie. Il pourrait ainsi se montrer volontariste, engagé et marquer son territoire. Reste à savoir, selon lui, si le président va désormais être plus discret pour permettre à son Premier ministre de prendre les devants et d’être jugé par les citoyens. Toutefois, M. Ngom pense que M. Bâ pourrait être confronté à des résistances et des contestations internes au sein du gouvernement et dans leur coalition ou parti.
Thialice SENGHOR