Après quelques semaines de négociations, le groupe Bouygues et sa filiale TF1 vont annoncer le rachat de 30% du groupe M6. Le nouvel ensemble sera dirigé par Nicolas de Tavernost.
Les fiançailles seront annoncées mardi matin. Selon nos informations, le groupe Bouygues va fusionner sa filiale TF1 avec le groupe M6 qui a officiellement confirmé la nouvelle lundi soir. Concrètement, le groupe Bouygues va débourser 641 millions d’euros pour sceller la fusion et racheter environ 30 % des titres du groupe M6 mis en vente par l’allemand Berteslmann. Ce dernier conservera toutefois environ 16 % du capital pour faciliter les négociations auprès de l’Autorité de la concurrence et pour profiter pleinement des synergies qui pourront être mises en place entre les deux groupes.
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Les deux nouveaux alliés conseillés par la banque Rothschild pour le groupe Bouygues et par JPMorgan pour le groupe Bertelsmann sont parvenus à un accord durant le long week-end de l’Ascension. Les deux groupes travaillent à cette opération depuis de plusieurs semaines et se devaient d’aboutir vite, car les chaînes M6 et TF1 doivent obtenir le renouvellement de leur autorisation d’émettre par le CSA en 2023.
Nicolas de Tavernost, actuellement président du directoire du groupe M6 pilotera le nouvel ensemble en tant que PDG. Gilles Pélisson, l’actuel PDG du groupe TF1 rejoindra la direction générale du groupe Bouygues pour diriger les activités médias et développement.
À la tête du groupe M6, Nicolas de Tavernost a montré sa capacité à mener des acquisitions dont le groupe RTL France tout en préservant une très forte rentabilité.
L’objectif des deux futurs actionnaires Bouygues et Bertelsmann est bien de dégager d’importantes économies d’échelle entre les deux entités.
Longues négociations avec la concurrence
Toutefois, rien ne devrait être effectif avant 18 mois, le temps de négocier ce rapprochement avec l’Autorité de la concurrence et le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Des discussions qui s’annoncent longues tant l’opération bouleverse le paysage audiovisuel français. Le rapprochement entre le leader de la télévision gratuite privée TF1 avec le numéro 2, M6, devrait soulever de nombreuses interrogations. Notamment au sein de l’écosystème publicitaire. En 2020, le groupe TF1 a réalisé 1,41 milliard d’euros de recettes publicitaires quand M6 en réalisait 830 millions. En réunissant les deux entités, le nouvel ensemble contrôlerait plus de 70 % du marché publicitaire télé français. D’ores et déjà l’Union des marques qui représente les annonceurs a fait savoir qu’il ne voit pas ce rapprochement d’un bon œil.
Pouvoirs publics pas opposés
Mais Thomas Rabe, le PDG de Bertelsmann, veut absolument marier M6 avec TF1 pour construire un nouvel ensemble capable de résister au tsunami des plateformes de streaming vidéo comme Netflix ou Disney+ qui ont déjà conquis respectivement plus de 200 millions et 100 millions d’abonnés dans le monde. D’ailleurs, l’annonce du mariage entre WarnerMedia et Discovery, deux géants de la télé et des médias aux États-Unis prouve que le temps de la consolidation est venu.
Depuis l’annonce de la mise en vente du groupe M6, l’Élysée et le ministère de la Culture, ne se sont pas manifestés publiquement ni dans un sens ni dans l’autre, laissant accréditer l’idée qu’ils ne sont pas opposés à l’opération.
LeFigaro