Le Collectif Noo lank condamne «la passivité, l’indifférence et l’impuissance» de l’Etat du Sénégal à répondre à la tragédie en cours qui entraine nos jeunes vers l’exil à tout prix.
La reprise de l’émigration clandestine avec des morts qui se comptent par centaines d’hommes, de femmes et enfants, aurait dû sonner comme un coup de réveil brutal pour «le lion qui dort au sommet de l’Etat depuis 8 ans». Selon le collectif Noo Lank, les 8 ans de Plan Sénégal émergent (Pse) de Macky Sall, ses slogans et promesses d’emploi n’ont pas permis de convaincre ces jeunes prêts à tout pour se donner un avenir ailleurs, en Europe. Pour les membres de Noo Lank «cet échec» du régime du président Sall est une responsabilité lourde qui aurait dû interroger «sa conscience et fouetter son égo patriotique». «En lieu et place, Macky Sall s’est contenté d’un nouvel artifice par un changement gouvernemental spectaculaire qui ne change absolument rien à la réalité des jeunes sénégalais en quête d’avenir. Ce changement laisse intact le problème d’emploi et d’opportunité des jeunes», martèle Noo Lank dans un communiqué rendu public. Pour autant, ce mouvement citoyen invite les jeunes du Sénégal à prendre leurs responsabilités ensemble, au lieu d’entreprendre des expéditions par pirogues pour rallier l’Europe. Car, leur fougue et désir d’avenir sont des forces qui peuvent et doivent être mises au service de cette lutte pour prendre toute leur place dans le pays, malgré le régime en place.
Le Collectif Noo Lank rejette les explications du régime de Macky Sall, cherchant à expliquer cette reprise de l’émigration par les effets de la crise du coronavirus. Pour Guy Marius Sagna et ses camarades les causes réelles du désespoir des jeunes sont à chercher dans l’incapacité du régime à développer une politique d’opportunités et d’emplois adaptée pour les jeunes du Sénégal. «Le Sénégal regorge d’opportunités et de jeunes prêts à se battre. Mais l’Etat du Sénégal a non seulement une politique de formation qui exclut la plus grande partie des jeunes, mais même les jeunes formés ne sont pas accompagnés par une politique d’emploi et d’insertion dans le tissu économique moderne. C’est pourquoi, la plupart des jeunes évoluent dans l’informel et n’hésitent pas à tenter l’aventure lorsque leurs activités ne parviennent pas à leur garantir un quotidien soutenable, un espoir et un avenir possible», dénoncent Guy Marius Sagna et Cie.
Pour ces derniers les accords de pêche signés avec l’Union européenne viennent encore prouver que ce gouvernement n’a pas le sens de l’intérêt national et traite ses citoyens au second rang. Ils révèlent que même les techniciens du ministère de la Pêche ne supportent pas ces accords et le système d’octroi de licence basé sur les «intérêts financiers et politiques du ministre et du président de la République qui usent et abusent de leur pouvoir discrétionnaire». «Ils utilisent ces accords comme une monnaie d’échanges de faveurs et intérêts financiers captés par quelques individus, aux dépens de 70 000 pêcheurs actifs, 600 000 acteurs indirects et plus d’un million de ménages. De tels accords participent à la déperdition de nos ressources, appauvrissent nos pêcheurs et poussent les jeunes à l’exode. Le collectif rejette les explications du ministre Alioune Ndoye qui affirme que le Sénégal contrôle le respect de ces accords», pestent-ils dans le document.
Enfin, le collectif déplore aussi les licences mixtes accordées aux pavillons de complaisance qui utilisent des prête-noms sénégalais pour le compte de sociétés européennes qui peuvent ainsi pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal (Zee). Face à tous ces défis, Noo Lank s’engage aux côtés des pêcheurs pour lutter ensemble contre ces accords néfastes.
Samba BARRY