Fatick a soif. L’eau ne coule plus dans la région natale du président de la République, Macky Sall. Au village de Ndangane Sambou situé dans l’arrondissement de Fimela, cela fait 3 ans que les habitants n’aperçoivent pas la couleur de l’eau.
Trois belles années durant lesquelles elles parcourent de longues distances à la recherche du liquide précieux. Les images sont tristes et font pleurer. Des femmes avec leurs bébés dans le dos portant de lourdes bassines sur la tête. La sueur au front, ces braves dames se massent devant les puits et les forages, plusieurs heures durant, pour puiser de l’eau potable. Même les enfants se mêlent à la quête de l’eau. Ici, pour se laver ou pour préparer le repas, il faut parcourir plusieurs kilomètres sous le chaud soleil d’été qui darde ses rayons qui tapent au visage.
19 villages assoiffés
Dans le Sine, 19 villages souffrent de cette pénurie d’eau. Presque tout l’arrondissement de Fimela souffre de cette situation. De Ndiosmone à Fimela en passant par Simal, Djilor, Yayéme, Samba Dia, Ndangane Sambou, Diofior ou encore Campement Ndangane, la galère est présente. Ici, le problème ne date pas d’aujourd’hui. Cela dure depuis 2 ans pour certaines localités, 3 ans pour d’autres.
D’après les habitants de Ndangane, l’eau coule de temps à temps en très faible quantité et tard la soirée, c’est-à-dire à 3 heures du matin. «Le comble est qu’actuellement, nous continuons de recevoir des factures trop chères qui dépassent même notre consommation. C’est injuste», se plaignent les populations interrogées à cet effet.
Dans ces zones du Sénégal des profondeurs, impossible de creuser des puits, à cause de la salinité du sol. Pour s’en sortir, les campagnards achètent la bouteille d’eau de 20 litres à 200 FCFA chez les charretiers qui se frottent la main de ce commerce florissant. Chaque famille peut dépenser, en moyenne, 2 000 à 5 000 FCFA par jour. Difficile pour des personnes qui vivent principalement d’activités liées au tourisme et à la pêche.
Dans la localité de Ndangane (région de Fatick), les populations rurales s’organisent autour de l’Association pour l’Emergence de Ndangane (AEN) qui regroupe les jeunes du village, pour faire face à ce problème. «Chaque mois, nous nous cotisons pour acheter une citerne d’eau qui coûte 15 000 à 20 000 FCFA», confie Ndiaga Fall.
Les populations ne sont pas les seules impactées par la pénurie d’eau qui frappe de plein fouet le monde rural. Cette situation affecte aussi le secteur du tourisme. Impactés, les hôteliers pleurent les conséquences que leurs entreprises subies. Surtout en cette période de crise sanitaire dictée par la Covid-19 faisant que la clientèle se fait rare et le chiffre d’affaires baisse de manière drastique.
Ce manque d’eau fait que le prix du mètre cube passe du simple au double. «Les hôteliers avaient l’habitude d’acheter le mètre cube à 400 FCfa. Aujourd’hui, le prix de la citerne de 10 mètres cube grimpe à 25 000 FCfa. Il aura fallu d’intenses protestations des chefs d’hôtels pour que le prix baisse à 15 000 FCfa», laisse entendre Lionel Lopez, responsable de l’hôtel «Les Cordons Bleus» situé à Ndangane.
Malgré les nombreuses manifestations des populations contre la pénurie d’eau à Fatick et ses environs, le problème reste entier. Les habitants se mobilisent pourtant pour exprimer leur désarroi devant le maire puis au niveau des médias. Mais la solution n’est toujours pas au rendez-vous. Selon plusieurs témoignages, «il n’y a que des promesses comme le rétablissement du forage de Yayéme qui tarde toujours».
Laissées à elles-mêmes, ces populations demandent à l’Etat d’intervenir, pour résoudre définitivement le problème de l’eau qui hante le sommeil des populations du Sine-Saloum.
Fin du calvaire dans 8 mois, selon l’Ofor
Responsable de la communication à SEN-Eau (ex-SDE), Ndiaya Diop précise que la gestion de l’eau, dans le monde rural, n’est pas du ressort de la nouvelle société de gestion de l’eau au Sénégal. Pour lui, cela relève plutôt de la compétence de l’Office des forages ruraux (Ofor). De son côté, la direction de l’Ofor précise que «le problème est lié à la nappe dans cette zone». «Des travaux sont actuellement en cours pour le forage de Yayéme qui sera bientôt prêt», fait savoir un responsable. D’après toujours ses dires, «des citernes d’eaux sont ravitaillées aux villages touchés par la pénurie». Seulement, ces camions citernes sont exclusivement destinés à ravitailler les populations. Mais les hôteliers n’en sont pas bénéficiaires puisque qu’ils gèrent des entreprises privées.
Mais alors, à quand le retour à la normale ? Réponse de la direction de l’Ofor : «Tous les travaux seront définitivement terminés d’ici mars 2021».
Flagrantdelit