Le ministre de la Justice est dans un constant déni de devoir et de responsabilité contre les intérêts des travailleurs de la Justice
«Nous avons décidé d’observer ce matin une grève de 72 heures sur l’ensemble du territoire. Les causes de cette grève sont provoquées par le ministre de la Fonction publique, Viviane BAMPASSY et le directeur général de la Fonction publique, Mohammad Mahmoud DIOP qui ont changé de manière unilatérale les accords et les mesures signés entre le gouvernement et le SYTJUST ». Ces propos du secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Justice (SYTJUST) datent du 21 septembre 2016. Depuis, les greffiers sont en ordre de bataille, multipliant les mots d’ordre de grève.
Cette semaine encore, il a décrété 72 heures de grève renouvelables, couvrant les lundi 29, mardi 30 juin et mercredi 1er juillet 2020. Cette fois, ce n’est pas Viviane BAMPASSY ou encore le directeur général de la Fonction publique, Mohammad Mahmoud DIOP qui est mise en cause. Aya Boun Malick DIOP et ses camarades en veulent au ministre de la Justice, Me Malick SALL. «Le ministre de la Justice est dans un constant déni de devoir et de responsabilité contre les intérêts des travailleurs de la Justice et cela a duré quatorze mois depuis sa prise de fonction à la tête de la chancellerie en avril 2019(…) le Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) dénonce et condamne sans réserve la posture dilatoire et attentiste de Me Malick SALL… ». Ainsi, à chaque communiqué du SYTJUST, Me Malick SALL devenu son souffre-douleur en prend pour son grade. Pourtant, dans cette affaire, comme dans beaucoup d’ailleurs, c’est le président Macky SALL qui a le dernier mot.
« Le fonds commun des greffes existe depuis 1993. Il est alimenté par les frais de délivrance des actes de justice (casier, jugement, arrêt). Maintenant, il y a de nouveaux décrets qui prennent en charge de nouvelles recettes. Ce sont ces décrets-là que le ministre de la Justice refuse de faire publier. Pour ces recettes, il y a de nouvelles niches. Par exemple les amendes et les consignations, certains droits ont été un peu augmentés. Donc depuis que ces décrets ont été signés en 2018, le ministre refuse de les publier pour la simple raison qu’il y a des personnes qui veulent créer leur propre fonds commun, c’est le fonds commun des magistrats puisque les amendes et consignations alimentaient le fonds commun des magistrats qui a été créé en 2011 », explique le SG du SYTJUST, dans un entretien avec Le Quotidien. Non seulement Aya Boun Malick DIOP confirme que leur mouvement d’humeur tourne autour de l’argent mais il met également en exergue le bras de fer latent entre magistrats et greffiers qui se le disputent. « Mais lorsque le Président Macky SALL est venu, il a dit qu’un magistrat ne peut pas juger et prendre l’argent des amendes et des consignations et le mettre dans sa poche. Donc il a éliminé le fonds commun des magistrats le 30 août 2012. C’est Abdoulaye WADE qui l’avait créé le 1er décembre 2011. Les amendes et consignations qui devaient alimenter ce fonds commun des magistrats ont été versées dans le fonds commun des greffiers en 2018. C’est ce que certains magistrats du ministère de la Justice n’arrivent pas à gober », a poursuivi Aya Boun Malick DIOP.
Au regard de ces observations du secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Justice, il parait tout à fait clair que seul Macky SALL est en mesure d’arbitrer ce conflit opposant deux corps appelés à collaborer. Mais jusque-là, le SYTJUST occulte la responsabilité du chef de l’Etat pour mettre en exergue celle du ministre de la Justice dont les épaules semblent beaucoup trop frêles pour tenir le sifflet devant mettre fin aux hostilités. D’autant que la grève du SYTJUST qui s’étire pénalise de prime abord les Sénégalais qui alimentent la caisse objet de la discorde.