Le professeur Abdoulaye Bathily a dénoncé hier le silence inquiétant des dirigeants africains qui pourtant s’étaient levés comme un homme pour aller soutenir «Charlie Hebdo» à Paris. Ils étaient donc tous «Charlie». Sur les ondes de Rfi, l’ancien patron de la Ligue démocratique a relevé qu’en Afrique, seuls des organisations de la société civile et des militants des Droits de l’homme ainsi que le Président du Ghana Nana Akufo-Addo et le Président de la Commission de l’Union africaine (Ua) le Tchadien Moussa Faki Mahamat, ont jusque-là, dénoncé la mort de George Floyd, qui selon lui relève du racisme pratiqué aux Etats Unis depuis le temps de l’esclavage. «Il est fondamental aujourd’hui que les leaders africains se rendent compte qu’ils ont un double devoir : un devoir à l’égard de leur propre population, mais aussi un devoir à l’égard des populations d’origine africaine qui ont été toutes victimes de cette tragédie de l’esclavage et de ses séquelles, le racisme systémique», a martelé Bathily qui explique ce silence de plusieurs leaders africains sur le vaste mouvement de dénonciation des pratiques racistes en cours dans les pays occidentaux notamment, par les conditions des libertés démocratiques et leur crainte de la contagion de manifestations populaires. Bathily estime en outre que «les conditions des libertés démocratiques sont telles que très souvent, dans beaucoup de pays africains, les manifestations ne sont pas possibles, parce qu’il y a aussi une crainte de la contagion de manifestations populaires». Mais la vraie raison de ce silence des dirigeants africains est à trouver dans ce propos de l’ancien patron de la Ld : «Naturellement, il y a aussi le fait que beaucoup de ces régimes cherchent l’appui des puissances américaine et européennes». Voilà donc qui est bien dit. Il ne faut pas énerver Trump.
Georges Nesta DIOP