La violence policière ayant engendré la mort de l’Africain américain George Floyd a entrainé une vague de colère et d’indignations dans des pays européens comme la France, la Grande Bretagne, l’Espagne… Pendant ce temps, le Président Macky Sall, comme beaucoup de ses pairs africains, qui avait pris fait et cause pour «Charlie Hebdo» et la polémique qui s’en était suivie s’emmure dans un silence assourdissant dans cette affaire impliquant un Africain américain.
Malgré la situation de pandémie du Coronavirus qui règne en maître, des manifestants aux Usa et dans certains pays d’Europe ont exprimé leur ras le bol suite au meurtre «raciste» de l’Africain américain George Floyd. Tout le contraire des pays africains. Au Sénégal, à l’exception de l’opposition à travers Les plateformes Congrès de la renaissance démocratique, le Front national de résistance et Frapp France Dégage de Guy Marius Sagna qui ont dénoncé cette situation, le Président Macky Sall n’a pas encore réagi. Pourtant, dans un problème qui ne concernait ni la race noire ni nos croyances religieuses, le chef de l’exécutif d’un pays laïc à 90 % musulman, n’avait pas hésité à effectuer un déplacement en France pour participer à la marche de soutien au journal «Charlie Hebdo» qui ne cessait de caricaturer le prophète Mouhamad (Psl). En son temps, il avait été vertement critiqué par les religieux et l’opposition d’alors. Des personnalités publiques tels que le Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop, Oumar Sarr du Pds et des islamologues demandaient que le Président fasse un message pour s’expliquer sur les raisons de sa présence à Paris et exigeaient des excuses aux musulmans sénégalais. L’analyse politique Serigne Saliou Guèye le décryptait en ces termes : «Pour eux, le chef de l’Etat a blasphémé en participant à une manifestation anti-terroriste et tourne en dérision le prophète Mahomet avec des représentations picturales railleusement frappées sur des coquelicots brandis par des ennemis de l’Islam».C’était dans le courant de l’année 2015. Quelques années après l’accession au pouvoir du Président Sall.
Curieusement, dans cette affaire qui concerne le monde noir – frappé par un siècle d’esclavage, le colonialisme avec ses affres, l’apartheid – ce peuple continue de subir le racisme dans une Amérique de «démocratie» et de respect des droits de l’Homme. Dans cette affaire George Floyd teintée de racisme, des personnalités politiques comme de la société civile se sont indignées et ont affiché leur solidarité. C’est le cas de Abdou Mbaye de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail, Thierno Bocoum de Agir, Mouhamadou Moctar Sourang de l’Unp… Tout le contraire du Président Macky Sall et de son régime. Hormis, la «timide» réaction de la présidente du Conseil économique social et environnemental, rien n’a été noté. Prompt à réagir, la réaction du Président Macky Sall se fait encore attendre. Pourtant, l’opposition via le Front national de résistance et le Congrès pour la renaissance démocratique ont adressé des lettres de protestation à l’ambassade des Etats Unis à Dakar. Le Crd s’était radicalisé. Dans son dernier communiqué, le Congrès de la renaissance démocratique appelle expressément le président de la République Macky Sall à convoquer, au minimum, l’Ambassadeur des Etats – Unis d’Amérique, ainsi qu’il l’avait d’ailleurs fait avec celui de Grande Bretagne suite au reportage de la Bbc sur le scandale Petro-Tim dans lequel était cité son propre frère Aliou Sall
La société civile n’a pas été également en reste. Seydi Gassama de Amnesty International Sénégal, Fatou Jane Senghor de l’Ong Article 19, la sociologue Fatou Sow Sarr du Laboratoire genre de l’Ifan et la Plateforme Frapp France Dégage de Guy Marius Sagna, tous, en ce qui les concerne, ont manifesté leur indignation. Le mouvement Frapp prépare d’ailleurs une manifestation contre la mort de George Floyd, cet Africain-américain tué par un policier aux Usa. L’annonce est de Guy Marius Sagna, qui annonce que le Frapp travaille depuis plusieurs jours au Sénégal avec d’autres organisations pour faire un front à propos de l’affaire Floyd qui secoue les Etats-Unis depuis plusieurs semaines. «Nous pensons que les Africains-américains sont en danger aux Etats-Unis. Surtout avec la menace de Donald Trump de faire sortir la Garde nationale pour barrer la route aux manifestants. Dans les heures prochaines, vous verrez les réactions. Peu importe l’état d’urgence, peu importe le couvre-feu, nous allons réagir», a soutenu l’activiste, invité de l’émission «Jury du Dimanche».
Magib GAYE