Selon un rapport de l’Imperial College portant sur onze pays d’Europe occidentale, près de 18 millions de personnes ont été contaminées par le coronavirus SARS-CoV-2. Une proportion qui varierait de 0,7 % de la population en Allemagne à… 15 % en Espagne.
Un vingtième de la population des onze principaux pays d’Europe occidentale est déjà infecté par le coronavirus Sars-CoV-2. C’est le chiffre impressionnant avancé par un rapport publié ce mardi par l’Imperial College de Londres, institut de référence sur les questions d’épidémie.
1,9 million de Français atteints
Les chercheurs de l’Imperial College, qui avaient été parmi les premiers à mettre en garde contre le risque de pandémie, dès janvier, estiment probable qu’environ 5,9 millions d’Italiens , 7 millions d’Espagnols, 1,9 million de Français, 1,7 million de Britanniques, mais seulement 600.000 Allemands soient infectés. Au total, le rapport estime que la proportion de population infectée varie de seulement 0,4 % en Norvège, à 3% en France, 9,8% en Italie et à 15 % en Espagne, pour un total de 18 millions de cas dans ces onze pays, soit 5 % de la population.
Une évaluation difficile
Il s’agit là d’évaluations moyennes, au milieu de fourchettes toutefois très larges pour chaque pays, avec en Italie un minimum de 1,9 million de cas et un maximum de… 15 millions, en Espagne de 1,8 à 19 millions de cas (soit 41 % de la population !), en France, de 720.000 à 4,8 millions, au Royaume Uni de 680.000 à 3,2 millions, en Allemagne de 240.000 à 1,5 million. La raison de cette grande variation est la méthode utilisée, dite d’inférence bayésienne, c’est-à-dire dérivée des calculs de probabilité, qui donne généralement des prédictions assez sûres mais au prix d’une imprécision importante.
En outre, le nombre de cas réels est difficile à évaluer, souligne le rapport, car la majorité des personnes infectées ignorent être contaminée, en l’absence de symptômes, et les pouvoirs publics ne testent pas systématiquement leur population. Le rapport a estimé le nombre de cas réels par extrapolation du nombre de décès, ainsi qu’à partir du nombre moyen de personnes (presque 4) que va infecter chaque nouveau cas à partir d’échantillon tests.
La prophylaxie s’avère efficace
Le rapport évalue aussi la réduction du nombre de décès due aux mesures prises par les pays européens ces dernières semaines. Selon l’Imperial College, qui estimait début mars qu’environ 600.000 Britanniques allaient mourir d’ici l’hiver prochain en l’absence de toute prophylaxie, ce qui était alors la politique suivie par Londres. Ces mesures (fermetures d’écoles et de lieux publics, quarantaine pour les malades, confinement , etc.) ont d’ores et déjà permis de sauver environ 59.000 vies, dont 38.000 en Italie, 16.000 en Espagne et 2.500 en France.
Neil Ferguson, directeur du département d’épidémiologie à l’Imperial College, estime que les mesures prises par les différents pays européens ont « réduit de manière significative la progression de l’épidémie », mais qu’il est encore un peu tôt pour évaluer quand le nombre de nouveaux cas tombera à zéro. « Les données des deux prochaines semaines seront cruciales de ce point de vue ».
LesEchos