La réaction du gouvernement sénégalais face au problème foncier né des pôles urbains laisse de marbre les victimes d’expropriations. En effet, l’Etat se borne à déclarer qu’«il n’y a aucun problème de foncier pour les populations des zones des pôles urbains».
Au moins trois ministères et structures de l’Etat sont impliqués dans la gestion des pôles urbains Urbanisme, Aménagement du territoire, Agence en charge des pôles. Ils tiennent tous le même langage : «Il n’y a aucun problème de foncier pour les populations des zones des pôles urbains». Mais sur le terrain, la réalité est autre. Beaucoup de propriétaires se retrouvent dépossédés de leurs terres. Les collectivités locales, même si elles entrevoient les avantages pour leurs administrés, sont conscientes qu’il existe un problème foncier qui n’est pas du goût des anciens propriétaires. À ce jour, aucun tracé réel de délimitation des zones urbaines n’est précisé, entraînant des plaintes régulières de la part de ceux qui avaient des titres fonciers sur les terres que l’État a récupérées.
A Dény Malick Guèye, leurs champs de cultures envahis par le béton et les bornes du village menacé poussent les habitants ainsi que ceux des villages qui entourent le pôle urbain de Diamniadio, à demander à être fixés sur les limites que l’Etat entend donner au pôle urbain. Lors d’une manifestation à la place du village, ses populations ont dit toute leur colère. «Le pôle urbain grignote champs et maisons de jour en jour. Nous voulons que les limites soient clairement tracées une bonne fois. Nous déplorons le traitement infligé à Dény Malick Guèye et aux localités environnantes», a déclaré El Hadj Ousseynou Guèye, le chef de village. En brassards rouges, les habitants desdites localités se sont retrouvés sur le site d’extension du village approuvé par le Conseil municipal sur délibération du 20 janvier 2004 et aujourd’hui englouti dans le pôle urbain. «Le décret date de juillet 2013. Ce qui veut dire que depuis des mois, l’Etat nous mène en bateau. Rien de ce qui a été dit n’a été fait», s’offusque Abdoul Aziz Mbongue. A ce rythme, soutiennent les habitants du village frontalier à la mythique école de William Ponty, Dény Malick Guèye ainsi que les autres villages vont tout bonnement disparaître.
Les manifestants réclament le recasement des populations affectées et l’arrêt des travaux aux abords des localités impactées, afin de trouver un consensus sur ces questions. «Plus de 75 ha ont été cédés par les villages de Dény. Au départ, le pôle était programmé pour une superficie de 1 644 hectares», lance Abdoul Aziz Mbongue.
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