L’appareil de radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm est tombé en panne depuis des mois. Un sacré coup pour les patients obligés de faire le tour des hôpitaux de la capitale pour faire leur traitement.
Devant le portail de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, deux vigiles en tenue noire avec une bande orange scotchée sur le bras où on peut lire «Sécurité», contrôlent les entrées et les sorties. Pour mettre les pieds dans l’enceinte de l’établissement sanitaire, il faut, au préalable, décliner les motifs de sa visite. Puis, suit une petite fouille des sacs. Passé cette étape, un long boulevard avec deux allées s’ouvre au visiteur. Des véhicules du personnel de la structure sanitaire sont garés entre les deux allés. A l’entrée du grand bâtiment, sur le hall de la bâtisse, deux dames sont assises derrière un long comptoir de réception face à leurs ordinateurs. Un homme, habillé d’un pantalon «super cent» et portant des souliers noirs, fait des va et vient et aborde le visiteur qu’il oriente vers le service d’accueil. Ici aussi, il va falloir décliner son identité et le service sollicité. Puis, les dames procèdent à l’enregistrement avec le nom et le prénom de la personne avant de l’orienter vers le service.
Au fond d’un petit couloir, au niveau du service de cancérologie, trois patients sont assis sur un banc. Habillée d’un grand boubou traditionnel, une grosse enveloppe à la main droite, K. Seck souffre du cancer du sein depuis 2018. Mère de trois bouts de bois de Dieu, la jeune dame qui se bat contre cette maladie depuis 2 ans n’est pas au bout de sa peine. Avec la panne de la machine de radiothérapie, elle est obligée d’aller au Centre Juliot Cury de l’hôpital Le Dantec pour espérer trouver son salut à défaut d’attendre que la machine soit réparée. Mais une date qu’elle ignore, pour le moment. Un changement de lieu de traitement, non seulement, impacte, selon Khardiata, sur son état de santé fragilisé par la maladie qui l’a affaiblie mais crée des frais supplémentaires qui viennent se rajouter aux ordonnances qu’elle peine à payer. «J’attends juste un papier que le médecin va me délivrer pour aller à l’hôpital Le Dantec parce qu’on m’a dit que l’appareil de radiothérapie est en panne. Nous vivons une situation très compliquée. Il ne se passe pas deux à trois mois sans qu’on nous renvoie vers d’autres structures sanitaires à cause de la panne de la machine. On ne peut pas compter le nombre de fois où la machine est tombée en panne», déclare K. Seck, désemparée.
Arrivée un peu en retard à l’accueil du service de cancérologie, la mauvaise nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête de cette patiente du nom de S. Ndeky. Cette dernière n’était au courant de rien. Le visage renfrogné avec son corps frêle, elle se mêle aux discussions. «Qui vous a dit que la machine est en panne ?», questionne-t-elle. Avant que la réponse ne tombe, elle enchaîne : «Moi, c’est le médecin qui m’a donné rendez-vous, ici». Informée de la situation, elle soutient que si elle n’a pas pu, jusque-là, effectuer sa radiothérapie lors de son premier rendez-vous, c’était à cause de la panne de la machine. Mais puisque, avance-t-elle, c’est son médecin traitant lui-même qui lui avait fixé un rendez-vous pour mercredi, elle ne s’attendait pas à qu’on lui dît que la machine est encore tombée en panne. «J’avoue que cette fois-ci, c’est vous qui me l’apprenez. J’étais au courant de l’autre panne. C’est ce qui avait même fait que le médecin avait décalé mon rendez-vous. Mais pour cette panne-là, je n’étais pas au courant. Si on m’avait informée à temps, j’allais partir à l’hôpital Le Dantec même si je sais que ce ne sera pas facile vu le nombre de patients qu’il y a là-bas», explique-t-elle.
A la question à savoir si elle ne peut pas aller dans le privé, elle répond : «Je préfère aller à Le Dantec, prendre un rendez-vous et attendre mon tour. Ce n’est pas quelqu’un de si pauvre comme moi qui peux aller dans les structures privées. Où est-ce que je vais prendre 2 millions de F Cfa. Ce n’est pas possible», rétorque-t-elle avant de prendre congé des lieux.
Sur place, nos tentatives d’avoir la réaction d’un médecin ou de l’administration de l’hôpital pour en savoir davantage sur les causes de la panne de la machine se sont heurtées à un mur de silence.
Samba BARRY