La Foire internationale de Dakar (Fidak) qui se tient actuellement au Cices profite bien aux jeunes filles frappées de plein fouet par le chômage. Au niveau des stands, elles jouent le rôle d’agents d’accueil ou d’interprètes entre les exposants étrangers qui ne comprennent pas la langue nationale et leurs clients moyennant quelques billets de banque en fin de la journée.
Postées à l’entrée des pavillons, des jeunes filles accueillent les visiteurs et les orientent vers les stands de leurs patrons. La mine bien soignée, taille de guêpe, tenue aguicheuse, elles s’identifient à travers leurs badges pendant au cou. Le commerce facile, un large sourire, ces jeunes filles traquent les clients jusqu’en dehors des pavillons. Un petit job qui profite bien à ces jeunes demoiselles qui, pour la plupart, peinent à décrocher un travail ou un stage dans les entreprises. Inscrite en master en communication et marketing dans une école de formation de la place, et en même temps titulaire d’une licence d’Anglais, Seynabou Sarr n’est pas à son premier coup d’essai dans ce job. Elle profite de chaque foire pour se faire de l’argent. Engagée par une Indienne comme interprète, elle sert d’interface entre sa patronne qui ne parle que l’Anglais et les clients. Debout devant le stand, elle aborde les visiteurs avec un large sourire. Une stratégie pour appâter les clients. «Cela fait 3 ans que je travaille avec cette dame. J’ai tout fait pour gagner sa confiance et fidéliser notre collaboration. Ce qui fait que chaque année quand elle vient elle m’appelle pour l’aider, elle ne comprend que l’anglais. Chaque jour, à la descente, elle me remet 10 mille F Cfa», explique Seynabou Sarr qui tient quelques échantillons de bijoux en or emballés dans de petits paquets en carton. Avec l’argent gagné, elle paie ses études dans son école de formation.
A quelques pas de-là, une autre fille de teint clair, voilée habillée d’une jellaba noire, tient un petit pinceau qu’elle utilise pour nettoyer la poussière posée sur des colliers en or rangés dans des vitres transparents. Contrairement à Seynabou Sarr, Amina Fall est à son premier coup d’essai. Licenciée en Gestion des entreprises dans un institut de formation, Amina Fall a préféré ne pas croiser les bras. Suite à un premier stage sans contrat, sur les conseils d’une de ses copines qui travaille comme hôtesse d’accueil au Cices, elle a décidé de venir, elle aussi, tenter sa chance. Après trois jours de va et vient à la foire pour trouver un job, elle est tombée sur un exposant marocain qui cherchait un coup de pouce dans son commerce. Sans hésiter, elle a sauté immédiatement sur cette opportunité où elle est payée 8 mille F Cfa la journée.
Mais, si la chance a souri à Seynabou Sarr et Amina Fall, ce n’est pas le cas pour certaines jeunes filles comme Bijou. Moulée dans un jean bleu avec un body, elle quitte chaque jour Keur Massar à bord d’un car pour rallier le Cices à la recherche d’un travail. «Je suis là depuis trois jours à la recherche d’un boulot, mais en vain. Chaque matin, je fais le tour des pavillons, mon Cv en main. Hélas, pour le moment, je n’ai rien trouvé», se désole-t-elle. Elle avoue avoir eu des propositions indécentes venant de patrons de stands. Des offres qu’elle a tout bonnement repoussées parce qu’elle veut gagner dignement sa vie. «Ils pensent que toutes les filles sont des proies faciles. Il y a deux messieurs dont je tairai la nationalité qui m’ont proposé 20 mille F Cfa par jour en échange de quelque chose que vous imaginez… Mais, je n’ai pas accepté. Je veux gagner ma vie à la sueur de mon front», révèle-t-elle.
Les jeunes ne sont pas les seules à investir le Cices à la recherche de travail. En certains coins des pavillons, des garçons, le badge bien en évidence, font des va et vient entre les stands. Ils abordent avec insistance les visiteurs. Chacun veut tirer son épingle de jeu pour avoir quelque chose à se mettre dans la poche.
Samba BARRY