Ayant fait le constat d’une lenteur dans l’enrôlement du dossier Fallou Sène, Amnesty Sénégal a initié, depuis le 18 novembre dernier, une pétition en vue de booster ledit dossier. Une pétition qui sera bouclée dans quatre jours.
Le retard accusé dans l’ouverture d’un procès judiciaire aux fins d’élucider l’opinion sur le véritable coupable du meurtre de l’étudiant Fallou Sène, ne se justifie pas, selon Amnesty Sénégal. Ce qui a poussé cette Ong des droits humains à lancer, depuis le 18 novembre dernier, une pétition en vue de faire bouger les lignes. «Le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar avait ouvert une enquête et annoncé, à l’occasion d’une conférence de presse, la saisine de la Brigade prévôtale et une autorisation de la hiérarchie à poursuivre le gendarme. Par la suite, un gendarme a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire», renseigne Elhadji Abdoulaye Seck, initiateur de la pétition. «On est en train de collecter des signatures un peu partout à travers le Sénégal. Lesquelles seront remises au ministre de la Justice. La campagne suit son cours. Elle va être bouclée dans quatre jours», renseigne-t-il.
Cette pétition destinée au ministre de la Justice vise à «diligenter l’enquête afin que toute la lumière soit faite sur la mort de Mouhamadou Fallou Sène, veiller à ce que toutes les personnes impliquées dans sa mort rendent compte de leurs actes, lutter contre l’impunité liée aux violations des droits humains», précise Elhadj Abdoulaye Seck.
Parfum de corruption
Sur le sujet d’une supposée indemnisation de l’Etat du Sénégal reçue par la famille de la victime, le collègue de Seydi Gassama soutient que cela ne peut pas se faire sans l’ouverture d’un procès équitable, à l’issue duquel le véritable coupable sera condamné. «C’est inadmissible. C’est de la corruption. On ne sait même pas l’auteur du meurtre. Seule la justice peut, à l’issue d’un procès, dire que telle personne est coupable pour ainsi déterminer le montant des dommages et intérêts à allouer à la famille», laisse entendre Elhadji Abdoulaye Seck. A l’en croire, la famille n’a pas besoin de se lever pour réclamer justice, encore moins porter plainte. «C’est notre droit pénal qui dit que lorsqu’il y a homicide dans le cadre du maintien de l’ordre, c’est le procureur de la République qui doit ouvrir une enquête. La famille intervient seulement pour demander des intérêts civils. C’est une obligation de l’Etat de diligenter l’affaire. On ne sait pas encore le coupable. C’est à la justice d’indiquer l’auteur», déclare-t-il. «C’est le procureur de Saint-Louis qui avait ouvert l’enquête avant de remettre le dossier au parquet de Dakar. Si c’est l’ordre de poursuite qui bloque l’affaire, le procureur de la République de Dakar n’a qu’à le dire. Si c’est le chef d’État-major d’Etat général de l’armée qui a refusé, qu’il le dise», conclut-il.
Salif KA