Alors que tous applaudissent et s’attendent à un apaisement du climat social et de l’espace politique voilà que surgit une affaire qui risque d’entrainer encore le pays dans une procédure judiciaire avec en toile ce que certains observateurs perçoivent déjà comme une volonté de règlement un compte politico judiciaire.
Le stratagème, selon ces observateurs, étant d’activer le dossier Mamour Diallo accablé par les graves accusations de leader du Pastef, Ousmane Sonko, pour éloigner et réduire au silence celui qui se positionne aujourd’hui comme étant le plus farouche adversaire politique de Macky Sall. Aussi, que l’Assemblée nationale décide de faire le premier pas en mettant en branle sa majorité mécanique et une commission d’enquête parlementaire suivie d’une session extraordinaire pour examiner les conclusions de ladite commission d’enquête milite sans nul doute à une réelle volonté de diligenter l’affaire et de mettre le leader de Pastef au banc des accusés. En somme, un renversement de situation faisant du chasseur le gibier. Et certainement, le second acte que l’Assemblée nationale va poser après le blanchissement du principal mis en cause, Mamour Diallo, sera la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef afin de le livrer à la merci de dame justice.
L’esquisse de ce schéma est d’ailleurs, au mois d’Août, déjà tracée par l’avocat du mis en cause, maitre El Hadji Diouf. « Les députés seront bientôt convoqués en session plénière pour constater que mon client, Mamour Diallo, a été blanchi. Après il va porter plainte contre son accusateur. Et quand le procureur de la République se rendra compte qu’il y a eu diffusion de fausses nouvelles pouvant entrainer un soulèvement populaire, il devra exiger son placement sous mandat de dépôt », avait-il dit laissant sous silence l’étape de l’inévitable levée de l’immunité parlementaire sans quoi ce placement sous mandat de dépôt ne sera pas possible. Tout schéma savamment élaboré et en apparence bien huilé mais qui a aussi ses faiblesses puisque reposant sur des inconnus. Surtout que, pour l’heure nul ne peut présager des arguments de la défense mais aussi d’Ousmane Sonko qui jure par tous les dieux détenir des preuves irréfutables de ses accusations. Pour dire que devant la justice, tout peut basculer en la faveur du leader de Pastef. Un basculement qui serait, contraire à l’effet escompté par ceux qui ont engagé cette traque à l’homme et pourrait être de nature à ajouter à l’aura de l’homme politique Sonko et à sa crédibilité. Aussi s’explique aisément l’opportunité du projet de loi portant privation de droits civiques aux fonctionnaires radiés destitués ou révoqués. Car lequel projet porté par le parti Synergie Républicaine, s’il arrivait à être votée par l’assemblée et promulguée, ce qui est plus que probable avec la majorité mécanique de la mouvance présidentielle au parlement, pourrait servir d’alternative à la tentative de retrait du leader en chef de Pastef/ Les patriotes de la liste des présidentiables.
Aussi qu’Ousmane Sonko sorte pour décrier une certaine volonté des pouvoirs étatiques de l’embastiller pour mettre un terme à ses ambitions politiques est bien la preuve qu’il a senti le coup fourré. Ce même si, quelque part, on s’empresse de considérer cette sortie comme une tentative de victimisation face à un complot ayant pour objectif de le priver de ses droits civiques et en conséquence le rendre inéligible. Une considération qui, même si elle passait, n’explique pas la farouche opposition des porteurs de ce dit projet de loi à toute idée d’amnistie pour Karim Wade et Khalifa Sall qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle. Sinon que, l’amnistie refusée à ces deux leaders de l’opposition, Ousmane Sonko privé de ses droits civiques, c’est comme faire place nette et mettre hors d’état de nuire tous ceux qui peuvent empêcher de tourner en rond. Et là, si ça se trouve, la liste des sérieux candidats présidentiables va se rétrécir comme une peau de banane. A quelle fin, serait-on tenté de se demander, s’il est vrai que l’actuel président de la République est en train de boucler son second et dernier mandat.
Sidy DIENG