Le chanteur Mamadou Diao connu sous le nom d’artiste Mc Balédio a comparu mercredi à la barre du tribunal de grande instance de Kolda pour «diffamation et injures à l’encontre des enseignants» à travers son single «Moussé Kalabanté». Le verdict de son procès sera connu le 13 novembre prochain.
(Correspondance) – Le juge du Tribunal de grande instance de Kolda doit rendre son verdict le 13 novembre prochain sur le procès du chanteur Mamadou Diao, qui a dénoncé dans un single le comportement «déviant» de certains enseignants à l’encontre de leurs élèves. Le chanteur connu sous le nom d’artiste de Mc Balédio a sorti un single en août dernier dans lequel il interpelle la responsabilité de certains enseignants sur des cas de viol d’élèves suivi parfois de grossesse. Pour le faire, il a utilisé des patronymes pour, a-t-il dit, à la barre, «sensibiliser, informer et faire son devoir civique» pour l’intérêt de la société.
Des enseignants, notamment des représentants de syndicats au niveau départemental s’estimant visés par ce single «Moussé Kabalanté», avaient porté plainte pour «diffamation» et «injures». Face aux juges, le chanteur n’a pas nié les faits. Cependant, il a estimé qu’il n’a visé personne et que les faits chantés existent. Devant l’insistance du juge à l’amener à citer un enseignant ayant commis un viol sur son élève, le prévenu a indexé deux des enseignants à la barre. Selon Mc Balédio, l’un avait engrossé son élève, tandis que l’autre avait couché avec la femme du chef de village. Ce qui a provoqué les rires étouffés de l’assistance contre un sourire en coin du procureur. Mc Balédio a ensuite ajouté qu’il n’a cité aucun enseignant et qu’il a usé d’un langage d’artiste pour appeler des patronymes. Et que son single ne s’adressait pas seulement aux enseignants de Kolda, qu’il n’a jamais utilisé le terme «milieu scolaire», comme le prétend l’avocat des enseignants, Me Djiba. Ce dernier, dans sa plaidoirie, a indiqué que le chanteur, en évoquant les «enseignants coureurs de jupon» a généralisé dans sa chanson. «Donc, enseignant égal à coureur de jupon pour le chanteur», a dit Me Djiba. Pour cela, dit l’avocat, il a mis en péril toute la corporation enseignante.
Suffisant pour Me Djiba de demander au tribunal l’application de la loi et d’infliger au prévenu des dommages et intérêts de 10 millions de francs Cfa à verser individuellement aux trois représentants des enseignants à la barre.
Quant au conseil de l’artiste, il a estimé que ceux qui ont porté plainte n’ont pas légitimité pour le faire. «Ils n’ont pas reçu de mandat ni n’ont les preuves qu’ils ont été mandatés. Ils ne sont pas cités nommément dans le single. Mc Balédio n’a fait qu’exercer un devoir citoyen en sensibilisant sur le phénomène de viol dont sont victimes nos filles, vos filles messieurs les juges. Egalement, il n’a diffamé aucun enseignant, ni injurié quiconque», a argumenté l’avocat de Mc Balédio. Avant de demander au tribunal de mettre fin aux poursuites de son client, l’avocat a rappelé les précédents singles dénonciateurs de son client comme quand il avait évoqué les mariages précoces contre de la fortune et le single-hommage dédié aux éducateurs.
Le verdict sera prononcé le 13 novembre prochain pour ce procès de l’artiste engagé Mc Balédio.
Baba MBALLO