Le calme qui enveloppe le temps frais de ce Ramadan est déchiré par les déclamations coraniques relayées par des haut-parleurs.
Dans le hall de l’imposant bâtiment en marbre, fidèles, organisateurs et personnel s’affairent à la préparation du Tafsir. En cette période de Ramadan, entrer dans les locaux du groupe Wal Fadjiri, aux heures du Tafsir d’Oustaz Hady Niass, n’est pas chose aisée. Il faut s’armer de force et de courage pour le faire. Ce, à raison d’un monde fou qui se bouscule devant la porte d’entrée, pour assister à ce rendez-vous annuel. A 13h déjà, des groupuscules commencent à se former dans les parages pour une émission prévue à 15 heures. L’argument posé par ces derniers : la crainte de ne pas disposer de place. «Je sais bel et bien que le tafsir débute à 15 heures, j’évite les bousculades. Je viens de loin. Parfois, la salle est pleine jusqu’à ce qu’on bloque la porte», raisonne Khady Ndiaye, une dame qui se pointe avant l’heure devant la porte de la supérette en face du groupe de presse du Front de terre. Tout de blanc vêtue, ce cinquantenaire se confie : «Depuis qu’il a débuté son tafsir sur la télé, je ne l’ai jamais raté. Il me convainc. Je le suis partout d’ailleurs. Tout le monde le suit à raison de sa clairvoyance, sa maitrise de son domaine ».
Quelques temps après, c’est l’appel à la prière de 14h. A cet instant, bon nombre de fidèles effectuent leur entrée. Les uns se préparent pour la prière, tandis que d’autres sont déjà installés. Ici, l’ambiance qui règne n’a rien à envier à une conférence religieuse en plein air ou une nuit de Gamou. Des bousculades au niveau des portes d’entrée, des chuchotements battent le plein. «Je viens des Hlm Grand- Médine. Je n’ai pas jamais raté ce rendez-vous, depuis son démarrage. C’est parce qu’il me séduit. Ses enseignements sont facilement compréhensibles. Il ne verse pas dans la comédie. Tout ce qu’il dit est utile. C’est tout le Sénégal qui le suit», laisse entendre Elhadji Kéba Ndiaye, trouvé au niveau des robinets en train de faire ses ablutions. «Je viens de Guédiawaye. Je l’admire beaucoup de par son professionnalisme et son charisme. Je suis très contente quand je l’écoute parler. Il maitrise bien ce qu’il fait. Cette année est ma troisième édition. Ses enseignements sont sans équivoques», ajoute Aminata Diop, chapelet à la main, assise dans un coin de la mosquée qui commence à se remplir.
A l’entrée de la porte de derrière, juste à côté des robinets, se pointe Elhadji Dramé. Il est membre du Comité d’organisation de l’Association des fans’s club du groupe Walf (Afagwa). Son rôle est de filtrer les entrées et les sorties, afin d’éviter tout débordement. Il aide aussi les gens à se retrouver. «C’est la constance de Hady Niass et sa clairvoyance qui nous retient à lui. Il est loyal et véridique. Il ne joue pas avec le Coran. On n’a jamais vu son nom se mêler dans des débats futiles, des détails », se félicite-t-il. Même son de cloche chez Mouhamadou Ibrahima Ndiéguène, Imam dans une mosquée à Keur Massar. Il vient au nom de la famille maraboutique d’Ahmed Barro de Thiès. «C’est mon Daara qui est invité aujourd’hui. L’enfant a 13 ans et a maîtrisé le coran depuis l’année dernière. Nous sommes de la famille d’Ahmed Barro de Thiès. Je n’ai jamais raté ce rendez-vous à l’exception de l’année dernière, car j’étais en voyage. Jetais au Koweït» dit-il, à l’endroit d’Oustaz Hady Niass qui, pour lui, fait partie des meilleurs prêcheurs du Sénégal. «Il maîtrise bien ce qu’il fait. Il a cet art d’enseigner. Aucun doute ne plane sur ses commentaires sur les versets du coran. Personne ne doute de ses compétences».
Selon Oustaz Assane Diouf, Hady Niass a démarré ses Tafsir sur la radio Walf 2 qui émettait sur la fréquence 96.3. C’était dans un studio, tous les vendredis, en 2006. Quelques années après, Sidy Lamine Niass lui demanda de rejoindre la radio Walf 1. «C’est en ce moment qu’il a démarré de le faire en période de Ramadan. C’était sans la présence du public. En 2008, Sidy le fait venir au niveau de la télévision. C’est à ce niveau que le public a commencé à assister. Alors, l’audience devient publique», explique-t-il. Avant d’ajouter : «Il suit les versets du coran étape par étape. Il a fait plusieurs années pour finir le coran. Ce n’est qu’en 2017 qu’il l’a terminé. Il a démarré une nouvelle la même année». À l’en croire, l’émission ne cesse de prendre de l’ampleur depuis sa mise en place. Les gens s’y accrochent toujours. «A l’époque de la radio, même s’il n’y avait pas de public, les auditeurs le suivaient. Les échos des postes radios le confirmaient en période de Ramadan. Le format public de la télévision a beaucoup contribué à sa propulsion. C’est à partir de là que nous avons démarré les cérémonies d’ouverture et de clôture. Dans ces cérémonies, on choisit comme parrains des fils de Daara. Cette année nous avons choisi El-hadji Amadou Dème de Sokone et Serigne Aliou Lo de l’usine Lobbou Mame Diarra», informe-t-il. Qui poursuit : «Cette année, nous avons eu des problèmes pour accueillir le public. On n’avait prévu des badges mais finalement on n’a pas pu le faire. La première édition a duré 7 ans. Nous avons un bon feed-back. Certains téléspectateurs réclament à ce que le tafsir soit poursuivi durant toute l’année. La demande est là».
Salif KA