La sécurité de l’aéroport Blaise Diagne de Diass aiguise les appétits et suscite la même indignation chez ceux qui sont une nouvelle fois écartés de ce lucratif contrat. Pour la seconde fois, le marché a été accordé, dans le cadre d’un gré à gré, à Teranga sûreté aéroportuaire.
Le marché de la sûreté de l’aéroport Blaise Diagne de Diass est un gros morceau. Depuis l’ouverture de l’infrastructure en décembre 2017, c’est la société Teranga sûreté aéroportuaire qui en a bénéficié, par le biais d’un marché de gré à gré. Pour un montant annuel de 6 milliards de francs Cfa facturé à la Haute autorité des aéroports du Sénégal (Haas).
Dans cette affaire, malgré le montant important en jeu, et alors qu’un appel d’offres s’imposait pourtant, au regard du Code des marchés publics, il n’en a rien été et Teranga a pu ainsi facturer 500 millions de francs Cfa par mois, payés rubis sur l’ongle, pendant 12 mois. Ce contrat portant “mesures additionnelles de sûreté’’ pour l’Aibd est arrivé à son terme, en ce mois d’avril. La hâte avec laquelle l’Aibd a été mis en service justifiait peut-être ce marché en gré à gré. Mais pour le renouvellement du contrat, les différents acteurs de la plateforme aéroportuaire de Diass escomptaient bien qu’il y aurait un appel à la concurrence entre les sociétés de sûreté présentes sur le terrain.
De même que les syndicalistes du Suttaas (Syndicat unique des travailleurs du transport aérien et des activités annexes du Sénégal) qui estiment que «la situation des travailleurs s’est précarisée avec l’octroi d’un marché de gré à gré, aussi bien pour Air Sénégal que pour Aibd, à la même société Teranga’’. Pour le renouvellement du marché, l’annonce d’un appel d’offres avait bien été publiée sur le site de l’Armp, qui liste les marchés de l’Etat. Mais, au final, les termes de référence n’ont pas été publiés et aucun cahier des charges n’a été communiqué aux postulants potentiels, car l’appel d’offres a été annulé.
En effet, selon nos sources, les autorités politiques ont fait pression sur la Haas pour qu’elle reconduise en marché de gré à gré la sûreté d’Aibd au profit de Teranga. C’est ainsi que la Haute autorité des aéroports du Sénégal a finalement cédé et a reconduit le contrat de Teranga, en marché de gré à gré. Les arguments des autorités politiques ont été de dire que le marché de la sûreté d’Aibd relève du “secret défense’’. De ce fait, on peut passer outre les dispositions du Code des marchés publics. Ceci est étonnant, parce que, pour la sûreté de tous les aéroports de la zone Uemoa, il y a toujours un appel d’offres. L’Aibd est un aéroport civil et non militaire.
Pour rappel, Teranga appartient au Français Jean-Martin Jampy, à travers sa société d’intelligence économique Isao créée en 2017. Jampy est un ancien officier de la marine française qui a été, dans le passé, directeur de la Communication et de la Sécurité de la Sococim, jusqu’au début des années 2000. D’ici l’expiration de l’agrément de Teranga pour Aibd, qui reste encore à courir pour près de deux ans, selon nos sources, il n’y aura pas d’appel d’offres pour le marché de la sûreté d’Aibd. Au grand dam des sociétés concurrentes de Teranga, pourtant plus expérimentées, car exerçant au Sénégal depuis plus d’une décennie.
Enquête