On est très loin d’être à la diète dans le gouvernement. Après 20 jours d’exécution, l’Etat a déjà ingurgité pas moins de 12 % de son budget, hors masse salariale, dette et ressources extérieures. Le ministre du Budget, Birima Mangara, l’a annoncé, hier, lors d’un atelier sur la gestion budgétaire de 2019.
Ça démarre en fanfare. A seulement 20 jours d’exécution budgétaire, le gouvernement a déjà absorbé, selon le ministre en charge du Budget, Birima manga, qui présidait l’atelier sur l’exécution budgétaire 2019, pas moins de 12 % du budget, soit 160 milliards de francs Cfa. Un montant qui n’inclut pas dans la masse salariale, avoisinant 60 milliards de francs Cfa, ni les comptes spéciaux du Trésor et les ressources extérieures encore moins le service de la dette. C’est donc, par rapport aux crédits ouverts, hors dette, qui sont de 1 556 milliards et non à la loi de finances qui est de 4 071 milliards de francs Cfa. A la même période de 2018, on note une progression puisqu’on était à 6 %, soit 88 milliards d’exécution budgétaire.
Ainsi, en ce début de campagne électorale, le gouvernement montre que l’austérité et la prudence ne sont pas de mise. L’Etat continue son train train en dépensant ce qu’il encaisse. Et cette annonce peut nettement être plus alléchante pour certains.
En outre, dans l’optique d’éviter des dysfonctionnements préjudiciables à une gestion budgétaire 2019, suite aux réaménagements budgétaires, le ministre assure que des mesures ont été prises pour accompagner les ministères sectoriels.
2018 bat le record des pressions budgétaires
La pression des dépenses publiques est forte sur le budget national qui a atteint le montant record de 4 071,8 milliards de francs Cfa, contre 3 774,7 milliards de francs Cfa en 2018. Ainsi, le budget a connu une hausse de 297,1 milliards de francs Cfa. Birima Mangara révèle qu’il a été noté en 2018, une forte pression sur les dépenses publiques. Une situation, explique-t-il, consécutive à la nécessité de prendre en charge, dans ce budget, des droits acquis nés des dépenses de l’année 2017 liquidées et non ordonnancées. Mais également, ajoute-t-il, la mise en œuvre des engagements pris par l’Etat en faveur de l’éducation, la santé et l’enseignement supérieur, avec l’impact financier lié à la valorisation des bourses des étudiants et la baisse de leurs tickets de restauration. Poursuivant, le ministre précise que cette situation relève également de la volonté de l’Etat ne pas répercuter sur les prix de l’électricité et du carburant, la hausse des cours mondiaux du baril de pétrole et la relative appréciation du dollar par rapport au franc Cfa. «Ces efforts déployés pour soutenir la croissance et respecter certains agrégats macroéconomiques ont réduit nos marges de manœuvres budgétaires, entrainant une gestion prudente des dépenses en fin de gestion 2018», a confié le ministre.
Par ailleurs, il souligne que malgré l’acuité des difficultés liées à l’exécution du budget des ministères, les administrateurs de crédits ont fait preuve de compréhension, de bonne collaboration mais surtout de beaucoup de responsabilité durant toute l’année. Car, d’après M. Mangara, les efforts ont été articulés autour de la poursuite de l’assainissement des finances publiques. Ce, note-t-il, avec un meilleur recouvrement des recettes budgétaires, la rationalisation des dépenses fiscales, la maîtrise des dépenses de fonctionnement et l’amélioration de la qualité et de l’efficience socio-économique des investissements. En effet, le budget de l’année en cours a été bâti avec une prévision de croissance de 6,9 % et un déficit budgétaire devant poursuivra sa tendance baissière de 3,5 % en 2018 à 3 % en 2019. Durant cette année, l’Etat espère restaurer certains principes qui gouvernent l’exécution de la dépense publique. Cette approche, selon le ministre, s’avère nécessaire en ce sens qu’elle permet, dans une démarche participative, d’identifier les obstacles qui pourraient entamer le bon déroulement de l’exécution budgétaire. «A la date du 31 décembre 2018, dans le souci de respecter certains engagements souscrits dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique et, sur le plan sous régional, à travers le Pacte de convergence de l’Uemoa, le ministère chargé des Finances a procédé à une annulation de dossiers de dépenses liquidées et non ordonnancées ainsi que tous les mandats qui n’avaient pas fait l’objet de prise en charge. Ainsi, convenant que ces dépenses sont des droits acquis, il a été demandé aux différents ministères, par le biais d’une correspondance du ministre chargé des Finances, de les engager en priorité, sur les crédits de même nature ouverts en 2019», a reconnu le ministre du Budget.
Adama COULIBALY