Le président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) ne partage pas l’avis des autorités sur certains dossiers judiciaires qui alimentent les débats, ces derniers temps. Ce dernier qui invite l’Etat au respect des droits humains, a donné son avis, hier, sur les affaires des Cantakuun, de Cheikh Diop, Karim Wade et Khalifa Sall.
L’Union des magistrats sénégalais (Ums) se prononce sur les dossiers judiciaires en instance. Parmi les affaires évoquées figurent l’affaire Cheikh Béthio Thioune. Celle-ci est consécutive au double meurtre de Bara Sow et d’Ababacar Diagne qui a eu lieu en 2012, à Médinatoul Salam dans le département de Mbour. En marge de l’atelier de formation des magistrats sur le processus électoral, le président de l’Ums a demandé à l’Etat de se conformer au respect des droits humains. «Le retard noté dans ce dossier ne se justifie pas. Je ne sais pas pourquoi ce dossier n’a pas encore été jugé. Tout ce que je peux dire, c’est que les procédures judiciaires doivent être traitées avec célérité et impartialité. Et l’Ums est pour le respect des principes qui garantissent les procès justes et équitables. Ce retard ne se justifie pas», a déclaré le juge Souleymane Téliko. Poursuivant son propos, il invite ses pairs en charge du dossier des Cantakuun de prendre les mesures idoines pour que cette affaire soit jugée dans les meilleurs délais. Car, indique-t-il, c’est le droit de chaque personne. «Même un supposé criminel doit être jugé dans les délais raisonnables», dira-t-il.
Pour le cas de ceux qui ont bénéficié de la liberté provisoire, dans cette affaire, le juge de déclarer que les raisons sont diverses. «Le fait que d’autres bénéficient de la liberté provisoire et les autres non émane de diverses raisons. On ne peut pas expliquer cela par une seule raison. Parfois c’est dû à des questions de procédures, parfois au manque de moyens que connaissent certaines juridictions», tient comme argument le juge Téliko.
«Même un criminel doit être jugé dans les délais raisonnables»
Les 16 détenus-CantaKuun en détention à la prison de Thiès ont bouclé plus de six ans de détention sans jugement. Ils sont incarcérés depuis avril 2012. Ils ont été inculpés, avec d’autres en liberté, pour «meurtre avec préméditation et actes de barbarie, association de malfaiteurs, recel de cadavres», etc. Cette longue détention semble pousser les disciples du Cheikh à vouloir opérer un «suicide collectif». Du moins si la lenteur persiste. Depuis 6 ans et 7 mois, Cheikh Faye et autres attendent leur jugement. Presque sept ans de détention avant jugement qu’ils vont boucler en avril 2019. Le procès se tiendra à Mbour où les accusés seront bientôt transférés, selon une source proche du dossier. Parmi les présumés tueurs de Bara Sow et Ababacar Diagne initialement mis derrière les barreaux, trois ont été remis en liberté parmi lesquels le guide des Cantakuun, Cheikh Béthio Thioune. Récemment dans une déclaration recueillie par WalfQuotidien, Me Abdou Dialy Kane, avocat de la défense, avait indiqué dans nos colonnes que «la mise en liberté du Cheikh est bien fondée». «Vous savez, l’égalité parfaite n’existe dans aucun secteur. A mon avis personnel, même en droit, il existe des inégalités. Mais parfois elles sont justifiées», avait-il dit.
La réaction de l’Union des magistrats sénégalais dans l’affaire Cheikh Béthio Thioune survient au lendemain de l’appel des droits de l’«hommistes» à un jugement dans un délai raisonnable.
Salif KA