L’avant-dernier Premier ministre de Wade a parlé. Hadjibou Soumaré s’est exprimé tellement fort que ceux qui l’écoutaient avaient peur. Et c’était pour étriller la gestion de l’économie basée sur une concentration des investissements budgétivores et des anticipations sur les ressources qui plombent l’économie.
Recueillant hier soir la liste des 34 600 parrains de Ngoné Ndoye, ancienne ministre des Sénégalais de l’extérieur au siège de son parti, à Ouest-Foire, Hadjibou Soumaré s’est dit préoccupé par la situation économique du Sénégal. Faisant une peinture très sombre du pays, l’ancien président de la Commission de l’Uemoa a soutenu que l’économie sénégalaise est à genoux. «La façon de gérer le pays pose problème. Notre économie a de sérieux problèmes et je pèse bien mes mots. Quand je le dis, je parle d’abord des problèmes de trésorerie auxquels l’Etat fait face aujourd’hui. Tout le monde sait, aujourd’hui, les arriérés qu’on doit à des pans entiers de notre économie. Or, nous savons que les arriérés constituent la chose la plus difficile pour l’économie d’un pays. Il y a aussi la concentration des investissements budgétivores», décrit l’ancien Premier ministre devant des responsables de Rufisque, conduits par Ngoné Ndoye.
Poursuivant son speech, Hadjibou Soumaré dira que, dans ce pays, la fatigue est généralisée parce que le Sénégal est mal géré. «Regardez les mécaniciens, tailleurs, menuisiers et autres… Gagnent-ils ce qu’ils gagnaient il y a des années ? Le gouvernement et le chef de l’Etat doivent écouter les Sénégalais qui, aujourd’hui, sont fatigués. Ce qui déteint dans les finances publiques», cogne-t-il. Pour lui, il urge de réfléchir à une politique efficiente pour tirer d’affaire les Sénégalais sur les plans de la santé, de l’éducation et même des infrastructures. Hadjibou Soumaré reste convaincu que les anticipations sur les ressources ne font pas avancer l’économie du pays. C’est pourquoi, il proposera, le moment venu, un programme de résilience de la peine des Sénégalais, un programme qu’il veut participatif dans lequel tous les Sénégalais vont dire ce qu’ils voudraient voir dans leur pays. «Des franges importantes de Sénégalais sont laissées en rade dans les programmes de l’Etat, tels que les +wathie rakhassou+ (les ouvriers, Ndlr) qui constituent plus de 70 % de la population. Nous serons la voix de ces populations qui sont en train de travailler dans l’ombre mais qui souffrent aussi dans l’ombre. Il n’y a aucun programme pour eux alors qu’ils jouent un rôle important dans l’économie nationale», souligne-t-il. Une fois élu président de République, il compte mettre en place, un peu partout au Sénégal, des collèges de métiers pour donner une seconde chance à ceux qui n’ont pu réussir à l’école.
Hadjibou Soumaré est aussi d’avis que la Couverture maladie universelle (Cmu), telle que pensée au Sénégal, n’est pas bien conçue. «Ce programme ne tient pas compte de la rencontre entre la demande et l’offre de soins. Ce qui pose un certain nombre de couacs dans sa mise en œuvre» lance Soumaré qui se proclame «la voix des sans voix».
Najib SAGNA