Pour l’Uden, les résultats du rapport de Human Right Watch sont évidents. Prenant le contrepied des autres syndicats d’enseignants, ce syndicat affirme que «les élèves sont souvent victimes des abus de leurs enseignants que les autorités scolaires et les parents étouffent».
Les syndicats d’enseignants sont divisés au sujet du rapport de Human Right Watch. Si la plupart des profs n’ont pas hésité à démentir l’étude dont les résultats révèlent que certains enseignants sont coupables, entre autres, de chantage et de harcèlements sexuels envers les apprenants, ce n’est pas le cas de l’Union démocratique des enseignantes et enseignants du Sénégal (Uden). Contrairement au Cadre unitaire des syndicats des enseignements du moyen et secondaire (Cusems) de Abdoulaye Ndoye et au Syndicat autonome des enseignements du moyen secondaire du Sénégal (Saemss) de Saourou Sène qui ont plus d’enseignants dans les collèges et lycées et qui ont tous deux décidé de porter plainte contre cette organisation, l’Uden a confirmé les résultats de cette enquête menée dans les différentes écoles du sud du Sénégal. Le Secrétaire général de l’Uden, Abdourahmane Guèye, et ses camarades affirment dans un communiqué parvenu à WalfQuotidien que ces pratiques des enseignants sont monnaie courante dans les établissements. «Tel un pavé dans la mare, le rapport de Human Right Watch sur les abus sexuels à l’école semble avoir créé une onde de choc dont l’écho continue de nous parvenir, au vu des réactions enregistrées. Nous appuyant sur les principes de la critique et de l’autocritique chers à l’Uden, nous devons avoir le courage de reconnaître qu’il y en a parmi nous qui se rendent coupables de comportements indignes de leur rang et fonction, envers les élèves qui nous sont confié(e)s. Oui, des cas d’abus sexuels sur des apprenant(e)s par des enseignants, existent. Souvent étouffés par les autorités scolaires ou les familles, et parfois faisant l’objet de traitement judiciaire relayé par la presse», indiquent les enseignants affiliés à l’Uden.
Seulement, pour pallier ce genre de phénomène dans l’école sénégalaise, Abdourahmane Guèye et ses amis estiment que c’est le moment de repenser les programmes pour les adapter aux valeurs culturelles et sociales du Sénégal. «En syndicat responsable, l’Uden plaide pour l’installation de compétences en phase avec nos us et coutumes dans les curricula, afin de prémunir les apprenants contre toute forme d’abus sexuel. De la même manière, les enseignants doivent être davantage sensibilisés sur le respect de l’éthique et de la déontologie. Cela incombe aux décideurs, en premier chef», propose l’Uden.
La publication de Human Right Watch, la semaine dernière accablant les enseignants qui abusent de leurs élèves a suscité un tollé général dans le pays. C’est le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, qui est le premier à monter aux créneaux. Fustigeant les résultats de ce rapport, il affirme que l’enquête ne repose sur aucune base scientifique. Il est suivi par les responsables des syndicats précités, qui accusent l’organisation non gouvernementale de vouloir jeter du discrédit sur les enseignants. C’est pourquoi, à les en croire, ils vont porter l’affaire devant la justice.
Mamadou GACKO