Sankara ! En Afrique et dans la diaspora, ce nom est devenu synonyme de révolution et d’engagement panafricaniste.
Le capitaine burkinabè est perçu comme un modèle absolu qui défie le temps et les aléas de la géopolitique.
Pourquoi Thomas Sankara est-il aussi central pour une génération qui l’a peu ou pas connu?
Le 15 octobre 1987, le commando qui a abattu l’homme a surtout créé un mythe qui, 30 ans après, continue d’être une source d’inspiration.
L’ancien chef d’Etat burkinabè représente pour beaucoup d’africains ce que le Négus éthiopien Hailé Sélassié est pour les rastas : un modèle achevé de leader noir, panafricaniste de surcroît.
Sankara, 31 ans après
Pour réussir son plan révolutionnaire, Thomas Sankara a mis l’accent sur le développement endogène.
Les populations étaient mises à contribution pour exécuter les grands chantiers.
Routes, logements, écoles et centre de santé étaient construits par les populations elles-mêmes et la mobilisation était assurée par les comités de défense de la révolution.
Le commandant Abdoul Salam Kabore, ancien ministre des sports et responsable à la construction se souvient de cette période où les Burkinabès pensaient et exécutaient leur projet de développement.
” On s’est dit, on va faire le chemin de fer…nous avons organisé les gens qui venaient faire les travaux au fur et à mesure et rentraient chez eux…”
Sous les ordres du capitaine Sankara, le pharmacien militaire devait mobiliser les Burkinabès à un effort populaire de développement. Tout devait se faire en comptant sur soi-même, dit-il.
Les travaux d’intérêts communs ont été retenus pour amener chaque citoyen à participer à la construction de la nation.
Le projet qui retient son attention (attention de Sankara ou de Kaboré) reste la bataille du rail.
”A partir de la théorie qui dit tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme, nous nous sommes dit que depuis un certain temps on parle de Tambao mais on ne voit rien sortir de la mine, c’est parce qu’il n y a pas de chemin de fer …”, ajoute-t-il.
Les révolutionnaires qui étaient contre l’endettement chez les institutions de bretons woods étaient orientés vers un développement endogène. Tout devait venir de la population.
Sur ce Principe, il y a eu la construction des logements dans les trente provinces du pays ainsi que des barrages pour l’agriculture et l’élevage.
Les écoles et les centres de santé étaient construits par les populations elles-mêmes. Il y avait aussi la bataille du rail.
Taladidia Thiombiano, professeur en sciences économique retient surtout l’évolution du taux de l’éducation.
”Chaque village devait construire son école, l’équiper et l’état devait fournir les formateurs, les enseignants … c’est ainsi que le taux qui devait être autour de 16% était être passé à 22 voire 24%”.
Le travail de la mobilisation est fait par les comités de défense de la révolution.
Dominique Zoungrana surnommé “le convaincu” à cause de son engagement était membre de CDR de base:
”on sensibilisait les gens et y avait des chants qui animaient les gens qui étaient déterminés…on nettoyait les caniveaux, les sixmètres, tout le monde était content.”.
La révolution, c’est aussi les champs collectifs. Chaque ministère avait son champ. Dans le cadre du ” consommons Burkinabè”, certaines productions comme le haricot vert étaient revendues aux fonctionnaires.
La tenue de service était le “Fao danfani”, tissu local, pour valoriser le travail des tisseuses locales et des producteurs de coton.
BBC