La sale mue sociale du régime de Macky Sall en cette veille d’élection présidentielle n’augure rien de bon pour les comptes publics. Déjà asphyxiés par les nombreuses dépenses sociales qui accentuent les tensions de trésorerie, les Finances imposeront certainement des vacheries qui vont faire bouger les secteurs sociaux après l’élection. Ce qui rappelle les sombres prédictions de Wade en 2011 lorsqu’il alertait sur le non paiement des salaires des agents de l’Etat s’il était battu.
Encore un record pour le Président Sall. Après avoir atteint la barre des 3 000 milliards de budget, en 2017, le voilà à «plus de 4 000 milliards de francs Cfa» pour l’année 2019. Les acteurs de la commande publique vont certainement applaudir et les chefs entreprises s’arracher les cheveux de peur d’être encore pressurés à travers de nouvelles impôts ou taxes exceptionnelles. Car, le Fisc et la Douane sont chargés de collecter plus de la moitié de cette manne financière.
Malgré cette belle annonce pour la loi de finances 2019, il faut dire que les dépenses vont pimenter le budget et faire perdre de sommeil aux ministres de l’Economie et du Budget acculés par les tensions de trésorerie de cette fin d’exercice où tous les départements ministériels connaissent des coups de vice. Et cela présage d’un régime d’austérité après la Présidentielle de février prochain. Une année qui risque d’être très dure pour le vainqueur de l’élection. Car, à la veille de cette grande guerre, l’Etat-père Noël dépense trop. Il sort le chéquier pour tenter d’éteindre les différents foyers de tensions pouvant l’empêcher de rempiler.
Déjà, les trois derniers mois de l’année sont durs pour les Finances publiques, selon certaines sources, à cause des promesses faites par le chef de l’Etat qu’il faut honorer alors que, généralement, à pareille époque, une partie des ressources levées sur les marchés financiers est stockée à la Bceao en attendant de dépasser le risque électoral. Ce qui entraîne une diète budgétaire avec la haute ponction publique dans les différents démembrements de l’Etat où on cherche des bouche-trous.
De même, les trois premiers mois d’après élection vont être tendus pour les fonctionnaires des Finances qui doivent vite pousser des cheveux blancs. Ce qui n’est pas sans rappeler les sombres prédictions d’Abdoulaye Wade avant sa chute sur l’incapacité de l’Etat à payer les fonctionnaires en 2012. Lesquelles ont été confirmées dès la prise de fonction du régime de son successeur avec la fameuse phrase du ministre du Budget de l’époque Abdoulaye Daouda Diallo qui a déclenché une jolie panique dans le Macky : «Les caisses de l’Etat sont vides».
Wade n’ayant même pas laissés de «tableaux d’art» au palais, les premiers mois de Macky Sall à l’avenue Léopold Sédar Senghor ont sans doute été un vrai cauchemar. Et, abandonnés par ses ex-camarades libéraux dans ce champ de mines, Macky Sall été sauvé par l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui lui avait accordé un appui budgétaire conséquent. Et il a sans doute bien renvoyé l’ascenseur avec tous les fromages cédés aux entreprises du pays de Marianne.
Seyni DIOP