Bien que la demande soit forte, la neurochirurgie pédiatrique continue d’être le parent pauvre du système de santé au Sénégal. Et pour cause, sur l’ensemble du territoire national, notre pays ne compte que 18 spécialistes. Pis encore, les bourses de spécialisation octroyées à cette spécialité restent très faibles.
D’après Pr Seydou Boubacar Badiane, président de la Société sénégalaise de neurochirurgie et chef du service clinique neurochirurgie de l’hôpital Fann, le Sénégal ne compte que 18 spécialistes dans le domaine. Donc, loin des normes de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). «Quand on sait les particularités de la pyramide sanitaire en Afrique, nous avons beaucoup d’enfants, de jeunes et de personnes âgées. C’est pour dire que la neurochirurgie occupe une place importante dans notre discipline. Et pourtant, elle n’est pas prise en charge de façon spécifique par des spécialistes sur la majeure partie du Sénégal où il n’y a pas suffisamment de neurochirurgiens. Nous ne sommes que 18 spécialistes dans tout le pays et tous officient presque à Dakar. Ce qui veut dire que nous sommes largement en deçà de ce qu’il faudrait», regrette Pr Badiane.
C’était, hier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), en marge du démarrage du premier cours international de neurochirurgie pédiatrique en Afrique sub-saharienne francophone. Une rencontre qui a enregistré la participation de plus de 18 nationalités, des experts venus dans tous les continents, pour échanger avec leurs collègues sénégalais.
Occupant une part importante dans leurs services, le spécialiste trouve aussi que les enfants n’ont pas une prise en charge adéquate. Parce qu’il n’y pas suffisamment de neurochirurgiens pédiatres dans les structures sanitaires. «Les enfants qui souffrent de ces pathologies sont très nombreux au Sénégal. Malheureusement, très peu d’entre eux sont pris en charge. Et certains, vu l’insuffisance des spécialistes, préfèrent aller consulter les tradipraticiens. Et avant qu’ils nous arrivent, leur situation est déjà devenue beaucoup plus compliquée», confie-t-il.
Pr Momar Codé Bâ, neurochirurgien à l’hôpital de Fann soutient que les jeunes s’intéressent de plus en plus à la discipline neurochirurgicale. Mais, le hic est que la spécialisation pose problème parce que le nombre de bourses allouées à cette branche reste très faible.
Il affirme que la population au Sénégal et plus particulièrement en Afrique est une population pédiatrique, car elle est dominée en majorité par les jeunes. Une raison qui, dit-il, devrait pousser les autorités à beaucoup investir dans ce secteur. «En Afrique, dans tous les pays, 20 à 30 % de la chirurgie générale est occupée par les enfants», révèle Nelci Zonon, présidente du Comité mondial des neurochirurgiens et pédiatres.
Samba BARRY