L’inquiétude est devenue le sentiment le mieux partagé dans l’espace paysan de la région de Thiès.
Pour cause le déficit pluviométrique qui risque d’impacter négativement les cultures et principalement les premières emblavures.
(Correspondance) – Après les premières pluies enregistrées le 27 juin dernier, la région a connu une accalmie assez longue qui a duré jusqu’au 19 juillet date à laquelle le ciel a décidé de rouvrir pour la seconde fois ses vannes. Depuis aucune goutte d’eau n’est tombée. Pour dire que, depuis le début de l’hivernage, Thiès n’a connu que deux pluies. Une situation assez déplorable qui n’est pas sans susciter un sentiment d’inquiétude dans le monde paysan et qui confirme les prévisions météorologiques. Lesquelles prévisions, selon Mme Sarré de la Direction régionale du développement rural (Drdr) de Thiès, avaient fait état, relativement à la campagne agricole, dans le premier bulletin d’informations qui leur est parvenu, d’une situation pluviométrique déficitaire sur la majeure partie du pays et que seules quelques localités du sud-est pourraient enregistrer une pluviométrie normale.
Aussi, s’agissant de la région de Thiès, Mme Sarré de craindre que cette pause assez longue pourrait affecter sérieusement les premiers semis si l’accalmie devait perdurer. «Nous avons constaté un ralentissement de la croissance végétative. Sans compter qu’il y a une semaine, quelques cas d’attaques d’ennemis de cultures ont été notés dans la commune de Thiénéba (département de Thiès) et dans quelques localités du département de Tivaouane. Heureusement qu’il n’y a pas eu de dégâts et les cas ont été maîtrisés». Et de poursuivre pour dire craindre que cette situation de déficit pluviométrique ne perdure si l’on en juge par les prévisions contenues dans le deuxième bulletin d’informations. Des prévisions sur la période aout-septembre qui font état d’une pluviométrie déficitaire sur une bonne partie du pays particulièrement sur sa façade Ouest et Nord et normal à déficitaire sur certaines zones dans la partie Sud-Est. Toutefois, précise-t-elle, un autre bulletin sera émis dans la troisième décade du mois d’août pour des prévisions sur la période allant du mois de septembre à novembre ainsi que des perspectives sur la fin de la saison.
Quant à Ibrahima Seck, agriculteur, par ailleurs coordonnateur de la fédération nationale pour l’agriculture biologique, même s’il partage ce sentiment d’inquiétude, il se refuse à faire dans le pessimisme. Pour lui, avec ce phénomène de changement climatique, il est difficile d’être catégorique. «Cette situation, si elle persiste, va poser des problèmes. Mais nous, en tant que paysans, sommes toujours confiants et optimistes et espérons que les pluies vont bientôt arriver. Nous croisons les doigts et levons les yeux vers le Ciel. Surtout qu’il est fréquent aujourd’hui qu’on reçoive de la fraicheur alors qu’on s’attendait à de la chaleur et vice-versa. Tout est possible de nos jours». Mais, au-delà, estime-t-il, ce qui est incompréhensible c’est qu’un pays à vocation agricole comme le Sénégal continue encore à baser son agriculture sur la culture sous pluie et les conditions météorologiques. «Ce qu’il nous faut, c’est une politique d’adaptation aux conditions climatiques qui met l’accent sur la culture de variétés à cycle court. Mais aussi et surtout qui fait de la maîtrise de l’eau une priorité». En somme, dit-il, faire en sorte que les paysans puissent disposer d’eau en tout temps pour pouvoir produire à longueur d’année.
Sidy DIENG