Correspondance : la capitale du sud a enregistré un troisième larron dans le bras de fer qui oppose l’Etat aux syndicats d’enseignants.
Hier, les élèves sont entrés en scène avec cependant une note discordante : exiger la fin des hostilités et la reprise des cours.
Les perturbations notées dans les enseignements-apprentissages semblent avoir atteint un seuil de tolérance au-delà duquel l’immobilisme devient suicidaire. C’est ce message que les élèves ont voulu lancer hier à l’Etat et aux syndicats d’enseignants. Depuis plusieurs mois en effet, les potaches assistent comme des spectateurs au déroulement d’un feuilleton qui menace pourtant dangereusement leur avenir. Et comme prévu, ils ont décidé d’élever la voix pour manifester leur lassitude. «Chaque jour, on se rend à l’école en vain», fait remarquer un élève qui cache mal sa crainte d’une année blanche. Il y a quelques semaines, les élèves qui ne pouvaient continuer à vivre, sans rien faire, ce bras de fer à l’issue incertaine, avaient promis de se faire entendre. Hier, ils ont mis leur menace à exécution en battant le macadam. La marche pacifique se transforma en manifestation de violence avec des potaches qui ont brûlé partout des pneus pour démontrer leur détermination à imposer leur point de vue. «Nous ne sommes ni pour l’Etat, ni pour les syndicats. Nous avons organisé cette marche pour dire halte à cette grève qui nous prive d’un droit fondamental, celui d’étudier», précise I. Diatta, élève au lycée Djignabo de Ziguinchor. Pour lui comme pour ses autres camarades, les deux protagonistes à l’origine de la crise scolaire doivent rapidement trouver une issue pour que l’école retrouve sa sérénité. Ce qui n’est pas le cas, pour le moment, en tout cas dans le public. Désormais, les élèves veulent partager le même destin avec leurs collègues des écoles privées. C’est d’ailleurs pourquoi leur mouvement d’hier a été étendu à ces établissements. Presque toutes les écoles privées de la commune de Ziguinchor ont reçu la visite des potaches en colère. «Nous avons délogé nos camarades des écoles privées parce que nous estimons qu’il s’agit d’une question de justice», nous balança à la figure un élève du lycée El Hadj Oumar Lamine Badji de Djibock. «Il en sera désormais ainsi. Chaque fois qu’il n’y aura pas cours chez nous, nous allons déloger les établissements privés», promettent les potaches qui ont marqué la journée d’hier de leur empreinte avec un mouvement d’humeur qui s’est propagé dans toute la ville. Une réaction qui intervient au moment où le G6 vient de dévoiler un nouveau plan d’action avec un boycott des enseignements jusqu’au 26 avril prochain.
Mamadou Papo MANE