CONTRIBUTION«Nous savons que nous ne pouvons pas toujours être présents physiquement pour protéger nos enfants de tout […] Mais nous pouvons les responsabiliser et leur donner confiance en eux en leur enseignant comment agir dans ce genre de situation» (D’une maman dont l’enfant a réussi à s’échapper de peu à un kidnapping grâce aux conseils de cette dernière).
Devenus pratiques courantes à l’approche d’échéances politiques importantes, les enlèvements suivis de sacrifices perpétrés depuis quelques temps sur les enfants commencent vraiment à poser un énorme casse-tête pour nos autorités et leurs administrés que nous sommes à tel point que l’occulter serait complice et l’ignorer suicidaire ; d’où cet intérêt vital de voir comment aider nos enfants à s’en échapper. En effet, bien que l’on puisse penser et réclamer urbi et orbi, à juste titre d’ailleurs que, l’un des rôles régaliens de l’Etat est d’assurer la sécurité des personnes et des biens en prenant en compte tous les phénomènes, risques et menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation, cela ne dédouane aucunement la responsabilité qui incombe à chaque société et ses composantes de parents de protéger leurs enfants des dangers jusqu’à leur majorité.
Donc, inutile de faire porter le chapeau à qui que ce soit puisque le faire serait presque utopique, surtout qu’il est démontré que la majorité des cas d’enlèvements et des agressions envers les enfants est souvent orchestrée avec la participation directe ou indirecte d’une personne que l’enfant connaît bien ou a appris à connaître dans un environnement donné et en qui il a fini par avoir confiance et non pas par un «étranger», comme nous l’appréhendons. De plus, ce n’est plus l’œuvre de dangereux malades mentaux comme on avait l’habitude de voir à l’époque. Aujourd’hui, on est arrivé à un niveau où pour assouvir ses penchants pouvoiresques, l’être humain est capable du pire. Qu’importe l’ampleur du crime odieux et macabreux qui sera commis, l’essentiel est d’y parvenir à tout-va par le primat de la fin sur les moyens.
Ainsi, à l’instar de beaucoup de pays africains qui sont en veille de joutes électorales d’envergure comme la Côte d’Ivoire avec son cas Aboubakar Sidick Traoré dit «Bouba» parmi les huit cas de disparitions d’enfants répertoriés à la date du 7 mars courant, le Sénégal, avec son «Serigne Fallou Diop» est sur le point de boucler la dizaine, si l’on prend en compte les 6 enfants retrouvés le 26 février dernier, séquestrés à Touba dans une maison auprès du Garage-Darou pendant 72 heures. Et pour cause, d’aucuns de nos «no limit» aspirants et/ou gouvernants sont prêts à tout pour arpenter les marches du pouvoir et goûter à ses délices et/ou à les conserver à vie ; quitte à avoir recours à des pratiques occultes et immorales.
Face à de telles monstruosités, qu’il soit l’enfant ou le parent, chacun se retrouve dans le désarroi total. Les parents sont si angoissés que le simple fait d’aller et de venir de leurs enfants, sans déconvenue à raconter en retour, constitue un véritable exploit ! Quant aux enfants, à force d’entendre constamment parler dans les médias télévisés, écrits ou parlés, ou par leurs amis à l’école et autres, de la recrudescence des cas d’enlèvements, sont, à leur tour, rendus anxieux et paranoïaques au point que, sortir et revenir indemne devient un challenge chez eux.
Vu que les principaux acteurs et suspects sont parmi nous en chair et en os et peuvent être des proches, des voisins, des connaissances ou même des inconnus, disons-nous à présent qu’aucun d’entre nos enfants n’est à l’abri de ces ignobles actes. Alors, le seul comportement qui vaille est de faire de telle sorte qu’ils parviennent à minimiser les risques y afférents. Certes, le monde évolue dans des directions de plus en plus dangereuses, mais en bons parents, nous avons également pour rôle de les conscientiser sur les risques auxquels ils seront amenés à être quotidiennement confrontés et/ou souvent exposés ; comme nous leur avons appris à regarder des deux côtés de la route avant de la traverser. Qu’ils soient d’enlèvements, accidents ou autres, nous devons toujours, en tant que parents, veiller à ce qu’ils soient bien imprégnés avant ce jour fatidique.
En ce qui concerne les risques d’enlèvements qui polluent l’actualité, il nous faut, dans un premier temps, leur apprendre à amoindrir les risques qu’ils se fassent enlever. Surtout que les enfants sont vulnérables car, en parfaite incarnation de l’ignorance, ils ne sauraient reconnaître immédiatement le danger venir et ne voient pas le mal : leur vision du monde et des gens est toujours confiante. La méfiance n’est pas automatique chez eux. Raison pour laquelle, ils peuvent, en toute inconscience, suivre un étranger pour des bonbons, monter dans une voiture inconnue pour servir de guide à un soit disant «chauffard» perdu, ou s’éloigner pour tenter d’aider une personne dans le besoin. Toujours est-il que protéger son enfant des enlèvements repose sur vous, mais aussi en grande partie sur lui. Il faut donc agir pour prévenir l’enlèvement en sensibilisant au maximum.
A travers cette modeste contribution basée sur des analyses de grands psychologues, nous essayons de fournir aux parents ainsi qu’aux enfants des renseignements factuels adaptés à leur niveau de connaissance pour compenser l’anxiété causée par ces effrayantes histoires. Selon certains spécialistes en la matière, les trois étapes suivantes sont cruciales pour une prévention porteuse de fruits :
Etape 1 : Apprendre à connaître les faits
Annoncés à grande échelle dans les médias, ces événements choquants nourrissent la peur de l’enlèvement par souvent des «étrangers» dans l’esprit de tous les parents. A cela s’ajoute la hantise perpétuelle de voir leurs enfants figurer parmi ceux déjà enlevés et maltraités. Ainsi, les parents se sentent naturellement responsables de tout ce qui pourrait arriver de mal. Pour se faciliter la tâche, certains parents se limitent à les intimider ou à tout simplement leur prodiguer des conseils du genre «ne parlez pas aux étrangers», en omettant le plus important, à savoir essayer de «trouver l’équilibre entre communiquer assez de renseignements et de stratégies aux enfants pour les garder en sécurité et ne pas donner trop de renseignements qui les effrayeront et qui augmenteront leur niveau d’anxiété» sans les protéger contre les dangers réels.
Etape 2 : Apprendre à connaître les dangers que votre enfant ignore
A l’ère des nouvelles technologies où nous sommes, nous n’avons plus besoin de supposer que nos enfants sauraient reconnaître le danger car nous avons maintenant la possibilité de le vérifier grâce aux jeux de simulation disponibles gratuitement sur internet (Ex : les aventures de Sima, le chien). Pour une meilleure appropriation de l’enseignement dispensé, l’enfant doit se sentir investi d’une mission qui est de vous rendre fier, pour pouvoir appliquer convenablement les règles édictées. Protéger son enfant des enlèvements et du reste, d’une manière générale, repose essentiellement sur la psychologie et la confiance que vous construisez mutuellement. Alors, il est du ressort du parent de trouver les mots justes susceptibles de toucher la sensibilité et l’intéressement de l’enfant.
Etape 3 : Enseigner
Après avoir découvert les différentes situations auxquelles votre enfant ne saurait reconnaître le danger ou ne réagirait pas face à ce dernier, reste maintenant à lui enseigner ce qu’il doit savoir et comment il doit se comporter. Pour ce faire, jouer au méchant et à l’enfant ciblé est l’un des meilleurs moyens de lui faire appréhender la situation au moment de la pratique, car cela lui permettrait de s’en rappeler le jour où il serait confronté. Bien évidemment que pour la réussite d’un tel exercice, l’âge de l’enfant sera forcément un facteur déterminant pour sa bonne application. N’hésitez pas à apprendre à votre enfant à ne pas se laisser faire en cas de tentative d’enlèvement. Travailler «aux réflexes de survie» est souvent recommandé pour faire prendre conscience à l’enfant de sa force physique et de sa capacité à résister à un adulte. La confrontation est toujours payante dans de telle situation, car même s’il est évident qu’un gamin de 6 ans par exemple ne pourrait pas résister longtemps à un adulte, il va de soi que les gesticulations et empoignades parsemées de cris peuvent bel et bien empêcher un éventuel agresseur de l’attraper plus facilement et, par ricochet, ralentir et faire gagner de précieuses secondes à des tiers d’intervenir pour éviter le pire. Pour finir, il ne faut jamais perdre de vue que l’enfant a toujours besoin d’être rassuré et est un bon interprète des sentiments. Si votre enfant sait que vous êtes prêt à tout pour le protéger, il aura plus de facilité à crier et à se débattre que s’il s’interroge sur la réaction que vous auriez.
Donc, n’oublions pas de leur faire sentir, en tant que parents, que nous serons toujours là pour les protéger. Tel est notre premier rôle.
Vivement que les nouvelles mesures prises par les autorités pour éradiquer ce fléau soient pérennes et que tels actes ne se reproduisent plus jamais. Qu’Allah (Swt) veille sur notre cher Sénégal … Amen
Elhadji Daniel SO
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !