L’année 2018 enregistre sa première victime en milieu carcéral, avec le décès, hier au pavillon spécial, du détenu Kandé TRAORE qui purgeait une peine de 10 ans presque bouclés.
Une mort mise sur le compte d’une «négligence» par les défenseurs des pensionnaires des prisons sénégalaises.
Encore une autre mort en milieu carcéral. Le détenu Kandé Traoré est décédé hier, lundi 5 février 2018, vers 11 heures, au Pavillon spécial. C’est la prison destinée aux détenus malades nichée à l’hôpital Aristide Le Dantec. Selon l’Association pour le soutien et la réinsertion des détenus (Asred) qui donne l’information, par le canal d’un communiqué, le défunt souffrait de la maladie de tuberculose. Cause pour laquelle il a été interné au sein de cet établissement pénitentiaire depuis deux semaines. Selon la même source exploitée par WalfQuotidien, Kandé Traoré purgeait une peine de 10 ans, avant qu’il ne passe de vie à trépas, alors qu’il ne lui restait que quelques mois avant d’humer l’air de la liberté. Il était marié et habitait le quartier Korosma de Keur Massar, dans la banlieue dakaroise.
La mort en milieu carcéral de ce détenu est le prétexte saisi par l’Asred pour d’abord, fustiger la «négligence coupable des autorités pénitentiaires» qui a conduit à ce drame. Ibrahima Sall et ses camarades estiment que ce n’est pas une première car très souvent, des détenus décèdent dans les établissements pénitentiaires du Sénégal. Des cas de décès le plus souvent masqués sous le couvert de «mort naturelle». Mais ce n’est pas seulement la source du mécontentement des membres de l’Asred qui constatent, pour le déplorer, le «manque de communication entre l’Administration pénitentiaire et les parents des détenus». «La famille de Kandé Traoré a été informée du décès par un ancien détenu. Même sa femme n’était pas au courant de l’hospitalisation de mon mari durant tout ce temps qu’il a été transféré du Camp pénal de Liberté au Pavillon spécial», lit-on dans le document reçu en fin d’après-midi.
L’Asred convoque le passé pour étayer sa position, en rappelant que la même situation avait prévalu lors de la mutinerie de Rebeuss du 20 septembre 2016. Laquelle s’était soldée par la mort du détenu Ibrahima Mbow Fall. Ses parents l’avaient appris par le biais des acolytes de ce dernier avec qui il devait comparaitre devant le Tribunal d’instance de Rufisque (ex-Tribunal départemental), pour avoir acheté un mouton volé. «Outre ces deux cas, les familles des détenus éprouvent d’énormes difficultés pour connaitre le lieu de détention de leurs parents et ils ne sont pas non plus informés en cas de transfèrement», regrette-t-on dans le communiqué.
D’autres pensionnaires du Pavillon spécial risquent de subir le même sort que Kandé Traoré. C’est le cas, par exemple, pour Tamsir Diouf qui souffre d’une maladie du cœur. Son médecin exige son évacuation urgente à l’étranger, pour lui sauver la vie. Mais cette alerte du sachant n’a pas été suivie d’effets, et jusqu’à ce jour, selon toujours l’Asred. Si cette alerte est lancée à l’endroit des responsables pénitentiaires du Sénégal, c’est pour éviter un bégaiement de l’histoire, d’autant que la fréquence de ces «décès par négligence médicale» commence à devenir légendaire. Toutes choses égales par ailleurs, «des détenus de la Maison d’arrêt de Rebeuss protestent contre la cherté et le coût excessif des télécommunications vers l’extérieur avec leurs familles». Chose pour laquelle les membres de l’Association pour le soutien et la réinsertion des détenus en appellent, au demeurant, à une rapide diligence du nouveau directeur de l’Administration pénitentiaire, le colonel Jean-Bertrand Bocandé.
Selon des informations supplémentaires obtenues par WalfQuotidien, le corps sans vie du défunt détenu n’a été évacué qu’un peu après 17 heures. Et du côté de la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap), instance du ministère de la Justice qui coiffe les 37 prisons du Sénégal, c’est silence radio. Le service communication reste toujours aphone depuis un certain temps, en raison de l’instabilité à ce poste clé du dispositif. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, il n’y avait pas encore de déclaration officielle sur les véritables causes du décès en prison de Kandé Traoré. Ce qui confirme, en toute évidence, cette taquinerie d’un ancien agent du corps comme quoi «la communication est le talon d’Achille de l’Administration pénitentiaire».
Pape NDIAYE