C’est un grand «désordre» que le député Madické NIANG voit dans la loi de finances 2018.
Pour le président du groupe parlementaire de l’opposition, le gouvernement a «mélangé trop de choses», «fait du double emploi» ou encore budgétisé des ressources pour les Secrétaires d’Etat alors qu’il n’y a en plus dans le gouvernement. Trop de confusions en l’absence de transparence, de sincérité et d’équilibre du budget qui l’ont poussé à demander le retrait du texte. Appel tombé dans l’oreille d’un sourd.
En raison de beaucoup de manquements, confusions sur les chiffres et incohérences notés dans la loi de finances 2018, le député Madické NIANG n’a pas voté le texte. Dans une note parvenue à WalfQuotidien, le président du groupe parlementaire «Liberté et démocratie» étale plusieurs griefs qui l’ont poussé à demander l’ajournement des débats et le retrait du texte de projet de loi de finances. Et il liste huit éléments pouvant justifier cela. Il cite à cet effet la présence de corps étrangers dans le budget. «Il n’y a plus de Secrétaires d’Etat dans le gouvernement. Tant mieux. Pourtant on leur donne des salaires et de l’argent de transfert dans le budget : Secrétaire d’Etat au réseau ferroviaire, Secrétaire d’Etat à l’accompagnement des organisation paysannes, Secrétaire d’Etat au Pudc…», a indiqué M. Niang au ministre des Finances, Amadou Bâ.
Le député demande également à Amadou Bâ des explications sur des bizarreries constatées dans le budget de la Primature où les charges de personnel du ministre délégué au Pudc n’apparaissent pas. «Toujours au niveau de la Primature, on a reconduit 102 milliards de transfert courant pour le ministre porte-parole du gouvernement. Cet élément ne doit pas figurer dans le budget puisque le porte-parole du gouvernement est actuellement secrétaire général du gouvernement. On lui octroie un salaire et des dépenses de transfert courant d’un montant de 102 millions vole on l’a vu. Mais dans le même temps, on octroie au Secrétaire général du gouvernement 300 millions de transfert courant», relève le député.
En outre, Madické Niang souhaite être édifié sur les autorisations faites au président de la République d’emprunter pour 1686,8 milliards de francs Cfa. Un montant qui, selon lui, est supérieur à nos besoins pour l’année 2018. «Vous avez installé un déséquilibre dans le budget. Vous ne respectez pas la loi organique dans ses dispositions sur l’équilibre budgétaire. Si on autorise ce montant de 1686 milliards pour cette année, vous serez à 4014 milliards de budget pour 2018. Ce qui est inadmissible. Je rappelle que le budget est équilibré en ressources et en dépenses», accuse l’élu. Non sans demander au gouvernement de revoir sa copie. «Je vous renvoie aux page 34 et 35 de la loi de finances et ensuite à la page 71 sur le déficit en annexe. Vous vous relisez et vous allez comprendre. Je vous rappelle que pour cette année 2018, en prévision, Nous avons des ressources internes d’un montant de 2328 (recettes fiscales 2211 et 117 milliards de recettes non fiscales). Si on y rajoute ce montant de 1686,8 milliards, on sera à plus de 4014 milliards. Ça ne fait pas sérieux. Trop de confusion», renchérit le député libéral.
La confusion s’accentue, selon M. Niang, lorsque dans le document portant budget programme, le gouvernement fait ressortir un solde budgétaire global et un solde budgétaire de base avec respectivement -367 milliards et -87 milliards. «Cela n’apparaît pas dans la loi de finances 2018. Un désordre total ! Une confusion inadmissible», dit-il.
Aussi, il pointe les incohérences et contradictions sur les chiffres, les confusions sur les titres de la nomenclature budgétaire, les énormes différences sur les chiffres d’une rubrique à une autre… «Au niveau des dépenses d’investissement exécutées par les démembrements de l’état, dans le budget programme 2018, le montant est estimé à 664,9 milliards dans le projet de loi de finances le montant est estimé à milliards). Une grande différence. Ça fait désordre. Au niveau des dépenses d’investissements exécutés par l’état, au titre 5, les dépenses sont estimées à 317,2 milliards dans la loi de finances 2028 et à 157 milliards dans le budget programme. Une énorme différence. Ça fait encore désordre», ajoute l’ancien ministre des Affaires étrangères de Wade. Qui n’a pas, par ailleurs, manqué de dénoncer la violation des principes budgétaires, notamment le principe de sincérité qui est un principe important dans la loi organique relative aux lois de finances. Ce principe est violé. Le budget n’est pas sincère.
L’autre élément qui est anormal dans le budget, selon le député, est l’inscription au titre des ressources internes les 641 milliards de ressources externes. En effet, dit-il, les 641 milliards apparaissent dans la rubrique ressources externes et dans le même temps, ils sont inscrits dans les ressources internes.
Concernant les ressources du Fonds de soutien à l’énergie (Fse), il détecte également un problème avec les ressources qui «apparaissent et disparaissent». Selon lui, elles apparaissent en ressources et parfois elles paraissent après budget général dont comptes spéciaux du Trésor compris.
Pour toutes ces raisons, il a demandé à l’Assemblée de retirer le texte. «Nous ne pouvons pas continuer de débattre sur ce qui n’est pas une réalité. Un texte lacunaire. Notre pays a le devoir de se montrer sérieux surtout vis à vis des partenaires techniques et financiers», indique Madické Niang.
Seyni DIOP