Les pays d’Afrique subsaharienne montrent beaucoup de négligence à l’enregistrement des naissances. Selon l’Unicef, 95 millions d’enfants n’ont pas été enregistrés.
Et avec une population infantile en pleine croissance, et des progrès trop lents en matière d’état civil, il pourrait y avoir, en 2030, près de 115 millions d’enfants sans existence légale en Afrique subsaharienne.
Les chiffres sur l’enregistrement de l’état civil en Afrique subsaharienne parlent d’eux-mêmes. Quatre-vingt-quinze millions d’enfants en Afrique subsaharienne n’ont pas été enregistrés à la naissance, selon l’Unicef qui a publié ces données à l’occasion de la quatrième Conférence des ministres africains chargés de l’enregistrement des faits d’état civil qui se tient à Nouakchott en Mauritanie cette semaine. Selon l’organisme onusien qui les surnomme «les enfants invisibles», on pourrait atteindre 115 millions d’enfants en 2030 non enregistrés à la naissance «si des mesures énergiques ne sont pas prises». L’Unicef demande aux pays africains de donner la priorité à l’enregistrement des naissances en tant que première étape critique d’un système national fonctionnel d’enregistrement civil et de statistiques vitales. «La non existence légale des enfants ne peut pas continuer à des niveaux si élevés. Sans document prouvant son identité, son âge ou sa nationalité, un enfant est exposé aux violations de ses droits, tels que le mariage précoce, le travail forcé ou le recrutement dans les forces armées», a déclaré Leila Pakkala, directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Est et Afrique Australe.
Selon l’Unicef, l’analyse des tendances montre que le taux d’enregistrement des naissances ne s’est pas amélioré aux cours des seize dernières années. «Avec une population infantile en pleine croissance, et des progrès trop lents en matière d’état civil, il pourrait en 2030 y avoir près de 115 millions d’enfants sans existence légale en Afrique subsaharienne. Ce qui est bien loin de l’objectif de développement durable 16.9 qui vise à garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l’enregistrement des naissances», indique l’agence de l’Onu dans son communiqué. Cependant, malgré les nombreux défis, l’Unicef ajoute qu’il est démontré à travers le continent que la coordination avec d’autres secteurs sociaux, en particulier les services de soins de santé pour les enfants, ainsi que les campagnes de vaccination, peut accélérer et augmenter l’enregistrement des enfants nés dans les établissements de santé et à la maison. «Dans plusieurs pays sur le continent, l’expérience a montré que le couplage des services de santé et d’état civil peut remédier aux faibles taux d’inscription des naissances. Des pays comme le Ghana, le Mali, le Sénégal, l’Ouganda, la Namibie et l’Éthiopie ont presque doublé leurs taux d’enregistrement en liant les deux secteurs», a déclaré Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Baba MBALLO