Pour la première fois depuis sa tentative d’assassinat, Adama Bâ livre sa version des faits, à travers cette correspondance exclusive que Walf Quotidien publie in extenso.
Ce comptable de 32 ans, fils de la défunte Fatoumata Moctar Ndiaye, a échappé, le 19 novembre 2016, au couteau de Samba Sow dit «Bathie», qui a tenté de lui transpercer la gorge, après avoir volé la vie de sa maman.
«Le Sénégal n’a pas besoin de politiciens aux mains tachetées de sang»
«Notre chagrin est immense et on ne sait plus à quel Saint se vouer. Ne sachant plus à quoi s’attendre, nous avons décidé de prendre notre destin en main. Hélas, nous vivons dans un Sénégal d’hypocrisie et de méchanceté où les médiocres font de la politique et en profitent pour s’enrichir. Plusieurs manquements ont été notés lors de la garde à vue de Samba Sow (le présumé assassin incarcéré à la prison de Rebeuss, Ndlr). Les preuves scientifiques n’ont été relevées ni sur l’arme du crime (le couteau tacheté de sang ayant servi à tuer la victime), ni dans la maison. Pourquoi avoir mobilisé le Commissariat central de Guédiawaye, le Commissariat d’arrondissement de Pikine et la Sûreté urbaine pour juste révéler que le motif du crime n’est que d’ordre financier ? Sur quoi le procureur de la République s’est-il basé pour avancer de telles affirmations le jour de sa conférence de presse au lendemain des faits ? Toutes ces allégations tendant à faire croire que le mobile du crime est financier sont fausses, illogiques et ne tiennent pas la route. Le Sénégal n’a pas besoin de politiciens aux mains tachetés de sang. Jusqu’à l’extinction du soleil, nous nous battrons corps et âmes pour faire jaillir la vérité. Nous demandons au chef de l’Etat, Son Excellence Macky Sall, de peser de tout son poids pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire et de ne protéger personne car de fortes présomptions font état de ce que les commanditaires sont dans les rangs de son parti. Ce crime est un acte purement politique et des hauts-placés de l’Apr sont les seuls responsables et commanditaires».
«Ils côtoyaient ma maman nuit et jour»
«Dans un monde d’incertitudes où l’homme est en perdition totale, certains font de la course aux richesses et à leurs intérêts personnels une obsession quotidienne. Quand certains sont en train de mener une vie tranquille, simple et loin des projecteurs, d’autres veulent forcer le destin et se livrer dans l’illégal, le mensonge, la trahison, l’hypocrisie et la haine. Dieu étant maître du destin de tout être humain, donc il ne faut pas aussi oublier qu’il est omniscient et omniprésent. Le Sénégal, longtemps considéré comme un pays de valeur où la foi a une place primordiale, commence à perdre son lustre d’antan. De ce fait, un pays ne peut pas émerger dans le mensonge, la méchanceté, la haine et la trahison. Je ne me retrouve plus dans mon cher pays. Si la politique est la gestion de la Cité, il va de soi qu’elle ne devrait pas rimer avec violence et crime. Où sont la sincérité, le compagnonnage loyal, l’adversité et les tendances saines dans l’espace politique sénégalais ?».
«Les principaux commanditaires de cet acte de méchanceté impardonnable sont des militants responsables politiques qui portaient le même combat que feue ma mère. C’est dire que ceux que l’on considère comme nos amis peuvent devenir nos ennemis cachés. Et depuis la disparition de notre regrettée maman, ces bandits de grand chemin ont tourné le dos à la famille de la défunte. Ce qui est, à mes yeux, très suspect, bizarre et un signe de trahison après qu’ils ont commandité cet acte lâche. Voilà l’esprit sénégalais, ils te fréquentent et t’envahissent dans ce bas monde et te tournent le dos dès qu’il y a le moindre problème. Mais force reviendra à la loi et la vérité triomphera tôt ou tard. Ces soi-disant politiciens sont des démons, voire des vicieux car ils faisaient semblant d’aimer, de respecter feue ma mère. Ce qui est faux, ce sont des hypocrites qui n’en font qu’à leur tête».
«Ils ont tourné le dos à la famille depuis l’assassinat»
«Le président de la République, Macky Sall, doit prendre la situation en main afin de démasquer ces criminels de son parti, rétablir l’ordre, la vérité et que Justice se fasse. Ces militants ou responsables politiques incompétents, vicieux, inexpérimentés et qui s’enrichissent sur le dos du contribuable sénégalais côtoyaient la défunte nuit et jour, véhiculant une fidélité et un attachement inexistant envers elle. Ces derniers qui sont à l’origine de ce crime ne doivent pas être épargnés par la Justice et sont du même département que la défunte (Pikine). L’Etat et la Justice aurait dû prendre très au sérieux ce cas très sensible, au lieu de protéger de tierces personnes qui sont dans leurs rangs politiciens, car la disparue représentait une institution d’Etat qu’est le Conseil économique, social et environnemental, et elle était au service de la Nation. La vie n’a pas de prix, l’être disparu nous est cher et irremplaçable. Tuer une personne, c’est comme en faire autant à l’endroit de toute l’humanité. Le criminel mérite-t-il de vivre plus que la victime ?».
«Depuis le décès de notre très chère maman, sœur, amie et modèle, plusieurs zones d’ombre nous troublent. Ce sont ces mêmes points noirs qui font que l’enquête ne suit pas son cours normal et que notre quotidien de tous les jours est complètement bouleversé. Et on se demande pourquoi ce qui est arrivé nous a frappés de cette manière atroce, en arrachant à notre affection une personne juste, serviable, honnête, digne, sincère, respectée et respectueuse. Dans quel Sénégal sommes-nous ? Sommes-nous réellement des musulmans ? Sommes-nous réellement dans un Etat de droit ? Pourquoi tant de haine et de méchanceté ? La politique n’est plus l’art de gérer la Cité. Certains font de la politique un métier, un moyen de s’enrichir voire même de voler des deniers publics. De nos jours, certains qui sont entrés dans l’arène politique il y a juste quelques années se croient tout permis».