Plus de 400 cas de femmes souffrant de fistule obstétricale s’ajoutent chaque année aux 5.000 déjà existants au Sénégal.
Par la voix de Madame Andréa Wajnar Diagne, le Fond des Nations unies pour la population donne l’alerte, intimant à lutter plus activement contre cette pathologie.
Alors que la fistule obstétricale est quasi-inexistante dans les pays développés, cette maladie fait de nombreuses victimes dans les pays moins nantis. Au Sénégal, plus de 400 nouveaux cas viennent allonger, tous les ans, la liste des 5.000 victimes. Cette pathologie dont souffrent les femmes, si elle n’est pas sérieusement prise en charge, peut aboutir à la stigmatisation des victimes et quelques fois à la mort.
Pour le moment, «les femmes vivant dans les régions de l’intérieur du Sénégal comme Kolda, Ziguinchor, Tambacounda, Matam et Kédougou sont les plus touchées par la fistule obstétricale», a fait savoir madame Andréa Wojnar Diagne, représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population (UNFRA).
A cause de l’enclavement de ces régions, du manque d’unités de traitement de cette pathologie et du manque d’information des femmes, ces dernières sont les plus exposées. «Plus de 400 nouveaux cas surviennent au Sénégal chaque année. A ce jour, 5.000 femmes souffrent de cette infirmité», a-t-elle regretté.
La représentante résidente de l’UNFRA au Sénégal a profité de la célébration de la Journée internationale de l’élimination de la fistule obstétricale, ce mardi 23 mai, pour mieux sensibiliser les autorités et les populations sur cette maladie qui peut être soignée. C’est l’une des étapes par lesquelles passera la réalisation des objectifs du Développement durable à l’horizon 2030.
Revenant sur la gravité des lésions causées par la fistule obstétricale chez les femmes après un accouchement, la directrice de l’hôpital général de Grand-Yoff, madame Khadidiatou Sarr Kébé a fait une description de la maladie. «Il s’agit d’une brèche de la filière pelvi-génitale qui survient, dans la majeure partie des cas, à la suite d’un accouchement difficile», a-t-elle fait savoir. Si elle n’est pas prise en charge à temps, la fistule obstétricale peut exposer les femmes atteintes, à la stigmatisation par leur mari et par une partie de la société. Pire encore, cette pathologie peut avoir des conséquences dramatiques en provoquant des infections cutanées et une insuffisance rénale pouvant provoquer la mort de la patiente.
Pour sa part, le représentant du ministère de la Santé le docteur Bocar Daf à regretté que, «par manque de ressources, les femmes atteintes de fistule obstétricale soient, pour la plupart, obligées de vivre avec pendant des décennies». C’est une maladie très difficile à supporter chez la femme parce que causant une fuite permanente et incontrôlable des urines ou des selles, quelques fois même les deux. Malheureusement ses conséquences peuvent être dramatiques. Cette pathologie peut engendrer la stérilité et conduit à une mort certaine, si elle est tardivement traitée.
Une prise en charge timide
Pour les besoins de la célébration de la Journée internationale de lutte contre la fistule obstétricale, seule une dizaine de femmes atteintes de cette pathologie ont été traitées. Par la chirurgie réparatrice, ces femmes ont pu retrouver une vie normale, comme en témoigne celle-ci qui a préféré s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. «Après 10 ans de souffrance et d’exclusion à la suite de l’accouchement de mon 3e enfant, je redeviens comme mes sœurs sénégalaises», a-t-elle déclaré. Elle ne voudrait plus que les femmes en souffrent éternellement.
En tant que porte-flambeau de cette lutte contre la fistule obstétricale, «j’invite mes sœurs atteintes de cette maladie à se rapprocher des unités de traitement», a-t-elle ajouté. Cette dame a pu être opérée après s’être inscrite à un programme de chirurgie réparatrice gratuite. «Tous les frais, dont le transport, l’hébergement, l’intervention et l’hospitalisation ont été pris en charge», s’est-elle réjouie.
Ces efforts faits par le gouvernement avec l’aide de l’UNFRA sont minimes par rapport à la demande des femmes atteintes qui ne cesse de souffrir d’une exclusion sociale. Elles sont, dans la plupart des cas, abandonnées par leur mari qui pourtant devrait être la première personne à les assister. Le témoignage de madame Fatoumata Diallo, âgé de seulement 25 ans, est poignant. «A la suite d’une fistule obstétricale, j’ai été abandonnée par mon mari. Maintenant que j’ai retrouvé ma santé grâce à la chirurgie, je voudrais entamer une nouvelle vie avec un autre homme», a-t-elle confié.
Texte le360afrique