Étienne Tshisekedi est mort ce 1er février à Bruxelles. Figure de proue de l’opposition, et personnalité très populaire, il laisse un grand vide dans un pays, la RDC, qui connaît une délicate période de transition.
“Ce n’est pas une mort ordinaire, écrit le quotidien congolais Forum des As. Ce n’est pas non plus juste la disparition d’un grand homme politique. C’est l’écroulement de tout un pan de la politique congolaise. C’est l’aller sans retour d’une figure tutélaire pour des millions de Congolais.”
Étienne Tshisekedi, figure de proue de l’opposition en République Démocratique du Congo, est mort d’une embolie pulmonaire, à l’âge de 84 ans ce 1er février à Bruxelles. Il était arrivé dans la capitale belge quelques jours plus tôt pour y être hospitalisé. Sa mort, juge le journal, “a tout d’un tsunami”.
L’homme le plus populaire du Congo
“C’est un jour noir pour des millions de Congolaises et Congolais qui voyaient en Tshisekedi le symbole de la démocratie renaissante en République Démocratique du Congo”, abonde le journal d’opposition Le Phare. Mais outre ce symbole, il incarnait aussi “la soupape de sécurité d’une période de transition” : un accord venait d’être signé entre le président Kabila, dont le mandat arrivait à échéance en décembre dernier, et l’opposition, prévoyant la tenue d’élections avant la fin de l’année.
“Qu’on l’ait aimé ou critiqué”, observe à Bruxelles le quotidien Le Soir, Étienne Tshisekedi était resté “l’homme le plus connu et le plus populaire du Congo”.
Était-ce dû à sa radicalité ? À son attachement au combat non-violent ? À sa fermeté touchant quelquefois à l’obstination ? À la simplicité de sa vie, aux années de quasi-réclusion dans une modeste maison ceinte d’un jardin où il aimait recevoir ses partisans ? À la peur qu’il inspira tant au président Mobutu qu’à Kabila père et fils, qui voyaient en lui leur seul véritable adversaire ?”
Il y avait Tshisekedi et les autres
Pour Forum des As, Tshisekedi “était bien plus qu’un leader politique. Il était un gourou et, excusez du peu, un demi-dieu”. Toujours est-il, ajoute Le Soir, “qu’Étienne Tshisekedi, que tous appelaient Moïse, n’aura pas vu la Terre Promise, l’accession de son parti au pouvoir, l’avènement d’un Congo réellement démocratique. Il se sera épuisé dans les combats politiques, les défis aux pouvoirs successifs et les refus sans avoir eu l’occasion de mettre réellement ses idées en chantier et de se salir les mains dans le cambouis de la gestion quotidienne”.
Sa mort laisse une opposition orpheline, observe L’Avenir : “Qui prendra le leadership dans ce regroupement où les ambitions sont multiples et s’entrechoquent ?” Qu’adviendra-t-il de son parti, l’UDPS “lorsqu’on sait qu’il est difficile, voire impossible de remplacer un baobab, voire un monument de la trempe d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba ?”
Courrier International