Des centaines de fidèles sénégalais se sont retrouvés samedi à Harlem (New York) pour célébrer le magal, un évènement religieux annuel commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, une confrérie musulmane sénégalaise.
À quelques encablures de la station de train de Harlem, sur la 125e rue, samedi, à 10h heure locale, aucune indication ne ferait d’autant moins penser au magal qu’il faisait 14 degrés.
Les passants des rues de Harlem, quartier new-yorkais dont la population constituée majoritairement d’Afro-Américains, vaquaient à leurs occupations dans le calme, une atmosphère bien éloignée de la frénésie imaginable à Touba par exemple, au même moment.
Après 8 minutes à bord d’un bus et une dizaine de minutes de marche, quelques personnes en tenues traditionnelles s’affairaient autour du petit-déjeuner, sur la 137e rue, avenue Edgecombe.
A cette adresse, se dresse “Keur Serigne Touba”, un immeuble de trois étages, siège de l’association de la communauté islamique mouride des Etats-Unis (MICA, en anglais), forte de 3.000 membres et à l’initiative du magal à New York.
Pas de grande affluence, mais le petit-déjeuner est servi à volonté, en attendant l’arrivée des officiels, qui donne le top départ de la cérémonie, avec la bénédiction de l’imam.
Une heure plus tard, l’avenue Edgecombe commençait à refuser du monde, des groupes de personnes célébrant les retrouvailles de la communauté, à mesure qu’affluent ses membres et fidèles, des hommes, femmes, mais également des enfants.
Les nombreux véhicules garés au bas de l’immeuble contribuent du coup à ralentir la circulation mais aucune route n’est barrée à l’occasion.
“Route barrée ici à New York, c’est quasi impossible”, dit un reporter de la RTS (la chaîne publique sénégalaise), habitué à couvrir cet évènement.
Selon lui, pour barrer une route aux Etats-Unis, hormis une autorisation municipale, il faut une pétition de 2000 signatures des habitants du quartier concerné.
“Et même après avoir récolté ces signatures, il y a une autre étape qui est la vérification de l’authenticité des signatures, et avec tout le temps que cela prend, sachant que malgré tout on peut se voir refuser l’autorisation, cela n’en vaut plus vraiment la peine”, explique-t-il.
Pas de barrage de route donc, puisque selon Mourtada Ndiaye, secrétaire permanent de la MICA, à partir de 21 heures, les fidèles et invités vont se retrouver dans une grande salle dédiée aux grands évènements de la communauté, dans un immeuble situé en face de “Keur Serigne Touba”, pour chanter en chœur les ’’Khassaides’’ de Bamba.
A 11h30, l’immeuble est rempli de monde, la rue également, avec l’arrivée d’officiels, dont l’ambassadeur permanent du Sénégal auprès des Nations unies, Fodé Seck.
Il ne restait que l’imam, attendu pour la prière de “Tisbar”, la seconde de la journée, prévue ici à 11h 40 heure locale.
À l’appel à la prière du muezzin, quelques minutes plus tard, les nattes sont disposées aussi bien à l’intérieur que sur les trottoirs à l’extérieur pour les fidèles. Il faisait moins froid que dans la matinée (17 degrés).
Durant 10 minutes, c’est le silence, prélude à la prière commémorant le 18e jour du mois de safar. Des récitals du Coran vont ensuite suivre jusqu’à 15 heures, heure à laquelle le déjeuner est servi.
Les fidèles, pour l’occasion, ont cotisé à hauteur de 148 dollars, soit environ 90.000 francs CFA par personne, ce qui a permis l’achat de 40 moutons et de 136 poulets pour sacrifier à la tradition mouride du “Berndé” (repas très copieux), rappelle Mourtada Ndiaye.
APS