La ville de Saint-Louis, plus précisément le quartier Guet-Ndar, a été, hier, le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et populations.
La police, qui était venue très tôt le matin pour encadrer l’opération de démolition de deux mosquées jouxtant les berges de ce quartier de pêcheurs, s’est heurtée à une résistance farouche des populations de Guet-Ndar. Les policiers usant de grenades lacrymogènes et les habitants de ce quartier armés de pierres se sont frottés, jusqu’aux environs de 15 heures. Selon des indiscrétions, les hommes du maire de Saint-Louis, Mansour Faye, ont voulu terminer l’opération en trente minutes, bien même avant la prière de l’aube. C’est pourquoi les policiers ont quadrillé tout le périmètre indiqué et aussi ont bloqué toutes les issues, pour rendre la zone inaccessible aux autochtones. Ces derniers n’ont même pas pu faire la première prière de la journée dans ces lieux de culte. Malheureusement, les engins qui devaient raser les deux mosquées ont accusé du retard car ils ne se sont pointés sur les lieux que vers 12 heures. Alors que les populations étaient sur le qui-vive. Mais heureusement pour les populations, les chauffeurs n’ont pas eu le moral de s’attaquer aux lieux de culte. Les véhicules qui s’étaient positionnés pour lancer l’assaut ont fait marche arrière pour retourner d’où ils sont venus. Tout cela s’est déroulé sous les applaudissements nourris des manifestants. Quelques minutes après, ils seront suivis par les forces de l’ordre qui ont fini par battre en retraite.
Commanditée par les autorités municipales de Saint-Louis, cette opération de démolition entre dans le cadre du désencombrement des berges de Guet-Ndar, afin de réaliser le Projet assainissement concerté total intégré du quartier Guet-Ndar (Acting). Ainsi, lors de la première phase de l’opération, à l’exception de ces deux mosquées, toutes les constructions irrégulières se trouvant sur les berges ont été démolies. Pour les lieux de culte, les populations se sont érigées en bouclier. C’est pourquoi, quand la mairie a voulu les détruire pour la première fois, les conducteurs des engins qui n’étaient pas assistés par les forces de l’ordre ont échappé à un lynchage. Mais, hier, malgré la présence de ces dernières, ils n’ont pas voulu s’exécuter. A en croire les populations, «les chapelets ont eu le dessus sur les engins». Car les érudits qui fréquentaient ces mosquées avaient prédit qu’ils ne vont pas utiliser les pierres pour s’opposer, mais ils vont gagner.
En revanche, l’une des conséquences de cette opération ratée, c’est la démission du conseiller municipal, Pape Larou Mar, de son poste de président de la Commission chargée des affaires domaniales, foncières et du cadre de vie à la mairie de Saint-Louis. Il indique que sa démission est motivée par la démarche «maladroite» de la commune. Il estime, en outre, que les deux parties devraient entamer des pourparlers afin de trouver une solution à l’amiable. «On ne démolit pas des mosquées comme si on détruisait des cases en paille», souligne M. Mar par ailleurs, responsable local du mouvement politique et citoyen (Mpcl), de Cheikh Tidiane Gadio.
En outre, des sources de Walf Quotidien affirment que pour la mobilisation des forces de l’ordre et des chauffeurs des engins, la mairie de Saint-Louis a perdu quatre millions de francs Cfa.
WALF