Le rapport d’experts de l’Onu révélant que des armes venues d’Europe de l’Est et d’Israël sont parvenues au Soudan du Sud, via l’Ouganda et le Sénégal ont fait réagir les autorités. Ces dernières ont démenti. Mais, il y a quand même des précédents autour du trafic d’armes.
Avalanche de réactions des autorités sénégalaises sur le rapport de l’Onu concernant le trafic d’armes vers le Soudan du Sud. En fin de semaine dernière, une enquête des experts de l’Onu sur le trafic d’armes dans ce pays d’Afrique centrale en proie à de violents combats, a révélé que des armes légères, des petits calibres et des munitions venus d’Europe de l’Est et d’Israël sont parvenus à l’ex-président Riek Machar grâce à un intermédiaire sénégalais. Depuis lors, c’est un exercice linguistique auquel semblent se livrer au moins deux ministres afin de pouvoir rendre au Sénégal sa dignité de président du comité sur les sanctions pour le Soudan du Sud au Conseil de sécurité de l’Onu. «Il (intermédiaire) peut être sénégalais comme d’une autre nationalité. Ce que nous dénonçons, c’est l’assimilation qui a été vite faite entre un intermédiaire au Sénégal et un intermédiaire sénégalais, ou intermédiaire au Sénégal et le Sénégal. Donc il n’est pas forcément sénégalais», a expliqué Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères sur Rfi. Il ajoute que le Sénégal attend des précisions du groupe d’experts de l’Onu pour connaître l’identité de cet intermédiaire cité dans le rapport.
Quant au ministre porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, il souligne (que) le rapport de l’Onu parle «d’interception de communications téléphoniques» entre un intermédiaire localisé au Sénégal et la direction de la Splm/A de l’ancien vice-président Rieck Machar. Dans son communiqué, Seydou Guèye ajoute que les «services compétents» ont «pris connaissance» du document de l’Onu et «poursuivent leurs investigations».
Des précédents à Dakar et environs
En juillet dernier, un Polonais résidant sur l’île espagnole d’Ibiza et soupçonné d’avoir fourni des armes lourdes au Soudan du Sud a été arrêté par la police espagnole. L’homme se faisait passer pour un conseiller économique du Premier ministre de Guinée-Bissau. Selon la police espagnole, le Polonais possédait un faux passeport diplomatique de Guinée-Bissau et aurait même emprunté l’avion présidentiel de la Gambie pour l’un de ses déplacements. Ce même trafiquant d’armes dirigeait un groupe de sociétés avec des liens en Allemagne, en Belgique, en France et au Royaume-Uni, dont les maisons-mères étaient basées dans des paradis fiscaux. Pourrait-il être cet intermédiaire qui aurait transité par le Sénégal? Dans ce cas, Dakar ne pourrait pas être exempt de tout reproche dans ce trafic d’armes. Et il faut aussi rappeler qu’un navire et sa cargaison d’armes avaient coulé au large de Dakar en août 2014. Depuis lors, même si les marins ont fini par être inculpés «pour sabotage et trafic international d’armes», jusque-là, il semble que peu d’individus connaissent la suite. Donc, le Sénégal doit surveiller davantage ses frontières.
Baba MBALLO (Walf Quotidien)