La mission spéciale du Fonds monétaire international au Sénégal a pris fin hier. Il ressort des conclusions que tout n’est pas rose dans la gestion des finances publiques. Selon Ali Michael Mansoor, chef de mission du Fmi pour le Sénégal et sa délégation, des efforts additionnels sont nécessaires pour améliorer la gestion des finances publiques et la gouvernance économique. Mais aussi, de la nécessité de renforcer les capacités de ceux qui ont en charge la gestion des ressources étatiques pour accroître la qualité des investissements publics. Car, pour la délégation du Fmi, la réussite du Plan Sénégal émergent nécessite le maintien d’un cadre macroéconomique stable et l’accélération des réformes structurantes. Ce, afin d’améliorer la productivité et l’environnement des affaires tout en préservant un niveau d’endettement soutenable. Ceci requiert, selon la délégation de l’institution financière internationale, la restauration des marges de manœuvres budgétaires de l’Etat à travers une meilleure mobilisation des recettes et une rationalisation des dépenses de consommation publique. «Le Sénégal a un volume important d’investissement à faire dans des projets d’infrastructures. Mais aussi pour améliorer le capital humain, il faut améliorer la qualité des dépenses, que ce soit dans la santé ou l’éducation pour que les populations puissent bénéficier d’un meilleur service public. Dans ce contexte, ça va être très difficile de soutenir ces volumes de dépenses additionnelles si l’on ne fait pas très attention aux conditions de financement, a relevé le chef de mission de l’institution de Bretton Woods.
Par ailleurs, la mission du Fmi a estimé que le gouvernement du Sénégal doit mener une politique de prudence dans le financement tous azimuts des projets et programmes qui risquent de gripper la machine de la croissance. Ce, en mettant en place des mécanismes pour s’assurer que chaque projet soit financé dans de meilleures conditions. «A part la préparation des projets, il faut les faire financer. Si je dois emprunter à 4 %, mon service de la dette va être très différent de l’emprunt à 8 %. Si on prenait le volume d’investissement qui devrait se faire, sur la première année, il n’y aura pas une grande différence. Mais, dans dix ans, le différentiel en 4 % et 8 % de service de la dette sera de 5 % du Pib. C’est-à-dire 5 % qui ne seront plus disponibles, qu’on aurait pu utiliser pour financer l’investissement dans le capital humain, la santé, l’éducation ou les infrastructures publiques. Ils sont donnés à des gens qui ont prêté au Sénégal à des taux élevés», a-t-il expliqué.
Sur les perspectives économiques du pays pour 2016 et 2017, les experts du Fmi projettent la croissance au-dessus de 6 %. Elle sera portée, selon eux, par une agriculture plus performante, le redressement de l’industrie ainsi que par le maintien du dynamisme dans les activités de services. De même, ils soutiennent que l’inflation devrait rester faible. Quant au déficit budgétaire, ils estiment qu’il devrait se situer à 3,7 % du Produit intérieur brut (Pib) en 2017. «Nous pensons que la mise en œuvre du Pse se poursuit d’une façon satisfaisante avec un impact sur l’économie sénégalaise. Dans ce contexte, nous pensions que la croissance pour cette année va être maintenue à des taux élevés ainsi que l’année prochaine. La croissance devrait dépasser les taux de 6 % pour tourner autour de 6,5 % pour les deux années», a conclu M. Mansoor.
WALF