Le Syndicat Autonome de l’enseignement supérieur qui refuse de plier face au non-respect du gouvernement des accords signés, enchaîne les mots d’ordre de grève. Une situation qui pousse les étudiants à redouter, plus que tout, l’organisation d’une session unique.
Dans le hall de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, les va-et-vient des étudiants contrastent avec la quiétude des amphithéâtres. Dans une salle de cours, cinq étudiants attendent un professeur, plutôt sont en pleine révision. Seulement à l’université de Dakar, 80 % des enseignants sont affiliés au Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (SAES). Forcément, si le syndicat est en grève, c’est l’enseignement qui est paralysé, comme hier. Ce syndicat a bouclé ses 48 heures de grève. «C’est très difficile pour nous, étudiants. On n’apprend plus comme il le faut depuis que les enseignants et le gouvernement ont engagé un bras de fer. Ce qui est aberrant, ce sont les étudiants qui sont sacrifiés par leurs divergences», fustige Abdou Diop étudiant en licence. Vêtu d’une chemise aux rayures multicolores assortie d’un jean bleu, cet étudiant souligne qu’à ce rythme des grèves, lui et ses camarades vont encore payer les pots cassés. A l’en croire, à la fin de l’année, les autorités universitaires, après avoir constaté l’agression du quantum horaire, vont leur imposer la session unique. «Les grèves sont redoutées par les étudiants. Les enseignants n’ont pas l’habitude de prolonger les cours en dehors du temps d’apprentissage. Par conséquent, si la période des examens arrive et qu’on ne termine pas le programme, la seule alternative pour les autorités universitaires, c’est de faire la session unique. Tout le monde sait que ce mode d’examen est pénalisant pour les étudiants. Beaucoup en pâtissent, parce que ceux qui échouent ne vont pas se rattraper comme cela se fait en session d’octobre ou bien les redoublants qui ne passent pas, vont automatiquement épuiser leurs cartouches dans cette faculté», indique-t-il. Son camarade, Ousmane affirme que la grève à l’Ucad, qu’elle émane des enseignants ou des étudiants, c’est toujours les apprenants qui perdent. «Les étudiants ont beaucoup souffert des mouvements d’humeur des enseignants. Les enseignements ne sont plus adéquats. Durant toute l’année, on ne fait même pas six mois de cours», fulmine-t-il.
A la faculté des Lettres et sciences humaines, c’est le même constat. Malgré l’absence remarquée des enseignants, il y a une présence massive des étudiants au niveau du hall et dans les couloirs qui mènent aux salles de cours. Ici, les étudiants ne cachent pas leur amertume suite aux grèves des enseignants. «Les étudiants ne sont plus responsables des perturbations à l’université. Pratiquement les grèves enregistrées sont l’œuvre des enseignants. Ce qui fait qu’on ne termine plus les programmes. Avec la session unique, des étudiants peuvent passer sans pour autant maitriser les programmes précédents. Par exemple, un étudiant de la première année peut passer en deuxième année sans avoir étudié beaucoup de chapitres du programme de la classe précédente», déplore Assane Diop étudiant au département d’Histoire. Ce dernier estime que l’Etat a l’obligation d’imposer aux enseignants de prolonger l’année universitaire si les enseignements sont déréglés «après leurs grèves intempestives».
WALF