«En toute conscience, j’ai décidé de voter ‘Non’ parce que non seulement je ne suis pas en phase avec certaines dispositions de la réforme mais aussi parce que la sortie avant-hier du constitutionnaliste maison de la présidence de la République me conforte dans ce choix». Elène Tine parlementaire du groupe Benno Bokk Yaakaar déclinait ainsi sa position par rapport aux joutes référendaires du 20 mars prochain. Pour elle, la sortie dudit constitutionnaliste qui dit, sur le plateau d’un organe de presse de la place, que les 15 points de la réforme ont été élaborés pour des fins de marketing politique est assez édifiant. Car, selon elle, cela veut tout simplement dire que les Sénégalais peuvent se tromper sur les contenus. «L’emballage est très alléchant mais est ce qu’il correspond au contenu ?» Une question assez pertinente qui en appelle, poursuit-elle, d’autres. «Où mèneront les dispositions alléchantes que l’on va soumettre prochainement à l’appréciation du peuple sénégalais ? Est-ce à la création d’une nouvelle institution de la République qui s’appellerait le Haut conseil des collectivités locales ? Et si c’est le cas, est ce que cela ressort de l’évaluation de l’acte 3 de la décentralisation qui pose aujourd’hui problème et qui a plombé toutes les collectivités locales ?» Tout un questionnement auquel la parlementaire répondra pour dire en douter.
En effet, fait-elle savoir, le parlement avait en début de législature procédé à la suppression du Sénat parce qu’il s’agissait d’une institution budgétivore qui n’avait aucune valeur ajoutée. Aussi est-il inacceptable que trois après on veuille ramener une autre institution de la République qui aujourd’hui, en termes de valeur ajoutée pour le renforcement de la gouvernance des collectivités locales, pose problème. «Je ne peux pas répondre à cette question comme je ne peux pas dire combien cela va coûter au contribuable sénégalais». S’y ajoute, poursuit-elle, que le contexte dans lequel on vote pour créer cette institution, par rapport aux collectivités locales avec tout le front social, est plus que problématique. Pour simplement dire qu’il y a des priorités autres que la création d’une institution budgétivore quand on voit que les accords signés avec les enseignants ne sont pas respectés sans compter les mouvements de grève des travailleurs des collectivités locales et le mécontentement des fonctionnaires à qui on a coupé les heures supplémentaires. «Si c’est pour caser de la clientèle politique ou des leaders politiques, je trouve que ce serait vraiment déplorable».
S’agissant du point relatif au quota de députés prévu pour les Sénégalais de l’extérieur, Elène Tine dit y adhérer compte tenu de la forte contribution de la diaspora dans l’économie du pays et qu’ils sont des Sénégalais à part entière. Mais précise-t-elle, faudrait-il qu’on dise «de façon explicite s’il va s’agir d’augmenter le nombre de députés à l’Assemblée nationale ou que ce quota sera déduit des 150 députés. Car il est évident que s’il doit s’agir d’augmenter le nombre de députés, les Sénégalais ne seront pas d’accord». Quid des nouvelles dispositions relatives au nombre de mandats présidentiels de deux ans qu’on dit vouloir verrouiller surtout quand un grand constitutionnaliste reconnaît que les dispositions contenues dans le projet de réforme ne nous met pas à l’abri de la situation que le Sénégal avait connu sous Wade ? C’est-à-dire que le président se lève un jour pour évoquer la non rétroactivité de la loi et vouloir prétendre en conséquence à un troisième mandat sous prétexte que ladite loi parle bien de deux mandats consécutifs de cinq ans ? Toutes des nébuleuses entre autres qui justifient, selon Elène Tine, sa décision de voter «Non» au référendum. «Je ne vote ni pour un camp ni pour un autre, ma décision relève de ma propre conscience. Surtout que je n’adhère pas à cette démarche unilatérale qui nous a amené ce référendum mais aussi à la politisation de cette consultation référendaire qui n’a eu comme effet que de diviser ce pays en deux camps», dit-elle.
WALF