La manière la plus efficace pour lutter contre l’islamisme radical, c’est le dialogue. Un dialogue entre le pouvoir et les chefs des confréries.
Au Sénégal, la lutte contre l’islamisme radical passe par une collaboration entre le pouvoir et les chefs religieux crédibles. C’est l’avis de l’islamologue Khadim Mbacké.
«Le président de la République a hérité d’un pays stable qu’il doit renforcer, en collaborant avec les chefs religieux crédibles jouissant d’une popularité incontrôlable. Mais aussi, il faut reconnaître que les oulémas et les imams sont aussi des hommes sains, des compatriotes très soucieux de la préservation des intérêts du pays», affirme l’islamologue qui prône également une considération de nos réalités socioculturelles. L’islamologue qui s’exprimait sur les ondes de la radio Wal Fadjri souligne que cette collaboration avec les guides religieux est plus efficace que la surveillance des prêcheurs radicaux. «Je ne pense pas qu’il faudrait surveiller de manière policière ces gens ou d’intervenir dans ce qu’ils doivent dire, parce qu’un imam n’est pas n’importe qui», affirme Khadim Mbacké. «Il sait parfaitement ce qu’il doit dire. Son serment consiste toujours à rappeler les fondamentaux de la religion et des questions d’actualité mais, de façon objective et modérée, sans condamner qui que ce soit. C’est de cette façon que son rôle envers la population requiert tout son sens», poursuit-il, un mal peut se retourner contre soi et accroître le mal.
En outre, il appelle le président de la République à plus de neutralité dans le traitement des questions religieuses dans une République laïque comme la nôtre. «Cette complexité se comprend à partir du moment où le président de République a la lourde charge d’assurer le bien-être des citoyens. Dans un tel contexte, le dialogue et le partage doivent constituer les leviers d’instauration d’un climat défiant toute sorte de tension sociale», soutient Khadim Mbacké, insistant sur la «neutralité positive», c’est-à-dire cette bienveillance qui tient compte des réalités socioculturelles du pays. «C’est en ce sens que la laïcité positive, différente de celle agressive qu’on connaît ailleurs et qui n’est pas adaptée à nos réalités, se comprend», conclut l’islamologue. Ces derniers temps, l’actualité est largement dominée par l’emprisonnement d’imams qui font l’apologie du terrorisme.