Voilà une sortie qui risque de doucher les ardeurs du gouvernement. Moussa Touré appelle les Sénégalais à ne pas rêver de développement. Du moins pas avec le pouvoir actuel. Hier sur le plateau de l’émission Opinion sur Walf Tv, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances a soutenu que c’est impossible pour le régime de Macky Sall de sortir notre pays de la pauvreté. C’est une illusion, selon lui.
C’est connu, l’ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Plan sous Abdou Diouf et actuel leader de Citoyen éthique et transparence (Cet) n’est pas tendre avec le régime de Macky. Invité hier de l’émission Opinion sur Walf Tv et Walf Fm, Moussa Touré a encore vertement critiqué la politique économique du pouvoir. A l’en croire, ce n’est pas le Plan Sénégal émergent (Pse), si cher au chef de l’Etat, qui sortira notre pays de la pauvreté et de son rang de 25e nations la plus pauvre de la planète. «Le Pse n’est pas la quintessence qui va mener le Sénégal vers le développement», dit-il, convaincu que le Président Macky Sall ne peut pas faire du Sénégal un pays développé. «Ce n’est pas possible. C’est une illusion de penser que ce gouvernement peut développer le pays», assène encore l’ancien ministre de l’Economie, des Finances et Plan du temps de Abdou Diouf. A ceux qui pourraient en douter encore, Moussa Touré rappelle que le Sénégal reste très pauvre. «Comparé à la moyenne mondiale, nous sommes intrinsèquement pauvres et on le voit à travers les coupures d’électricité, on le voit avec la pénurie d’eau dans les quartiers…On est pauvre parce que pour se faire soigner, il faut faire le tour des hôpitaux de Dakar», poursuit-il.
Moussa Touré souligne que le Président Macky Sall manque de volonté et de vision capables de faire émerger le pays. D’ailleurs, il estime que «si chaque Sénégalais était persuadé, dans sa plus grande conviction, que le gouvernement fait tout pour satisfaire les besoins des Sénégalais, on applaudirait, même si ce n’est pas suffisant. Mais on assiste à un tas de choses au cœur et à la périphérie de l’Etat et on ne peut pas être convaincu de cela». Aussi déplore-t-il la communication à outrance des autorités à propos du budget 2016 estimé à plus de 3 000 milliards de francs Cfa.
L’ancien président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) affirme que le gouvernement a tympanisé l’opinion avec le budget 2016 estimé à plus de 3 000 milliards de francs. Selon lui, le pouvoir se gargarise d’un tel montant, alors qu’à l’en croire, ce chiffre ne veut rien dire. La preuve, dit-il, avant-hier le Sénégal a émis un emprunt obligataire de 50 milliards de francs avec un taux d’intérêt à 6,5 % alors que des Etats comme la France et l’Allemagne le font à un taux de 0 %. «Ce qui est important, c’est moins le montant de ce budget, mais les recettes qui sont réelles et l’utilisation qui en est faite», explique celui qui a été argentier de l’Etat du Sénégal.
Par ailleurs, Moussa Touré s’offusque des réactions du gouvernement après le rapport attribué au Fonds monétaire international (Fmi) et celui du Doing Business 2016. Si le rapport du Fmi place le Sénégal à la 25e place des pays les plus pauvres de la planète, le Doing Business 2016 met notre pays dans le peloton des dix pays qui ont le plus entrepris des réformes pour améliorer leur environnement des affaires. Mais ce que Moussa Touré ne comprend pas, c’est que «quand le rapport n’est pas favorable, on dit que c’est un procès d’intention, et on fait un procès en sorcellerie aux auteurs du rapport. Et quand c’est favorable, on danse et on chante». Ce qui le pousse à inviter les autorités à la prudence par rapport aux recommandations des institutions financières internationales. Car, selon lui, ce que la Banque mondiale veut ne correspond pas forcément avec ce que le Sénégal veut. Et il donne cet exemple qui remonte à l’époque où, en tant que ministre des Finances, le Fmi est venu lui proposer d’instaurer une taxe sur les cartes de séjour des Africains vivant au Sénégal pour faire face aux besoins d’argent du Sénégal. Moussa Touré assure que le gouvernement du Sénégal avait alors refusé de suivre cette directive de la Banque mondiale.