Les détenus de la prison de Rebeuss refusent toujours de s’alimenter et de recevoir des visites. Plusieurs d’entre eux ont été évacués à l’infirmerie dont un pensionnaire (B.B), dans un état grave, interné au Pavillon spécial.
C’est le deuxième jour de grève de la faim des détenus de Rebeuss. La situation s’empire. Les détenus se radicalisent. Toutes les visites ont été suspendues. Les pensionnaires ont refusé de recevoir leurs parents. Dans la foulée, plusieurs évacuations ont été enregistrées dans les rangs des grévistes. Ils sont déterminés à poursuivre la diète jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications. Un pensionnaire (du nom de B.B) de cette Maison d’arrêt, entre la vie et la mort, a été interné au Pavillon spécial. Un établissement pénitentiaire logé à l’hôpital Le Dantec et qui a pour vocation d’accueillir les détenus malades. Cette situation a installé le désordre dans l’espace carcéral car, hier, les visites ont connu des perturbations.
Plusieurs personnes ont été bloquées au niveau de la porte de Rebeuss. Même l’ouverture de celle-ci n’a pas permis aux visiteurs de communiquer avec leurs parents. «C’est un peu avant midi que l’accès a été autorisé aux visiteurs. J’ai même failli retourner à la maison», témoigne dans la foulée un visiteur. L’alimentation des détenus n’a pas aussi été régulière comme c’est toujours le cas dans cet espace carcéral. «Les gardes ont refusé de donner de la nourriture aux prisonniers. Beaucoup d’entre nous n’ont pas mangé hier (lundi, Nldr)», confie un détenu.
Pour sa part, la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap) se dit être dans les dispositions pour trouver une solution «rapide» à cette situation. «L’Administration pénitentiaire est en phase avec la Justice pour trouver une solution aux longues détentions de détenus. La gestion de ce problème n’incombe pas directement à l’Administration pénitentiaire. Les mandats de dépôt sont de la prérogative des procureurs et des juges d’instruction. C’est la loi qui autorise la grève. C’est aussi un moyen d’alerter l’opinion sur le fonctionnement de la Justice», a déclaré Saliou Ndiaye chargé de communication de la Dap.
Mandats de dépôt systématiques
En grève de la faim depuis lundi, les pensionnaires de Rebeuss protestent contre les longues détentions. Certains d’entre eux ont bouclé cinq, sept voire huit ans de détention provisoire, sans procès. D’autres détenus dont les dossiers sont bouclés et les enquêtes closes attendent toujours leur jugement. La tenue irrégulière de la session de la Chambre criminelle qui doit avoir lieu tous les quatre mois constitue, entre autres, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Entre autre doléance, les détenus revendiquent la réalisation des promesses de la Chancellerie. Parmi les assurances alors données par le ministre de la Justice, lors de la dernière grève de la faim, figurent «l’application de peines alternatives à l’emprisonnement pour éviter le surpeuplement dans les prisons et ainsi mettre fin aux longues détentions». Le constat est que les procureurs et les juges d’instruction, qui détiennent la prérogative de décerner des mandats de dépôt, en usent et en abusent. C’est pourquoi ils sont indexés, au premier chef, comme responsable du phénomène de la surpopulation dans les prisons.
La tenue régulière des sessions de Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) est au cœur des attentes des détenus. Enfin, la limitation de la détention avant jugement en matière criminelle qui ne doit plus, selon la nouvelle loi, dépasser trois ans. Ceci est en phase avec la matière délictuelle dont la durée maximale de la détention provisoire est fixée à six mois. Sauf pour le délit de «détournement de deniers publics» ainsi que les infractions liées à la sûreté de l’Etat.