Autorités administratives locales et acteurs de la pêche à Dagana se sont mobilisés pour la relance de la pêche continentale dans le département. Occasion saisie par les professionnels pour lister les maux qui gangrènent le secteur et dégager des pistes de solutions afin de contribuer à réaliser l’autosuffisance alimentaire du pays en poissons.
(Correspondance) – C’est dans les locaux de l’Acapes de Richard Toll qu’acteurs locaux de la pêche, mareyeurs, autorités administratives locales, groupements de femmes, personnes ressources et le conseil départemental s’étaient donnés rendez-vous pour discuter de la relance de la pêche continentale à Dagana. Organisée par le conseil départemental, la rencontre a été une occasion pour les acteurs locaux de la pêche de relever les nombreuses complaintes auxquelles ils font face dans leur secteur. Selon Assane Niass, président des pêcheurs de Dagana, si le département regorge d’un grand potentiel pour une bonne pratique de la pêche, il reste que beaucoup de paramètres doivent être pris en compte pour valoriser le secteur qui peine à prendre son envol.
Selon les pêcheurs, le secteur de la pêche mérite les mêmes avantages que l’Etat octroie aux agriculteurs et éleveurs en termes de subventions. Aussi, ils ont formulé de nombreuses autres préoccupations aux tenants du pouvoir. Il s’agit, entre autres, de l’accès au foncier, avec de bons aménagements, le renforcement des capacités des acteurs, l’érection d’un centre de formation pour mieux préparer les acteurs de la pêche dans la mise en œuvre de leur programme, la révision du code de la pêche qui est aujourd’hui obsolète, la réduction du coût du permis de pêche de 15 mille à 5 mille francs Cfa ou encore le renforcement des services de l’Agence nationale de l’aquaculture (Ana) en moyens logistiques assez conséquents. Les acteurs de la pêche continentale à Dagana souhaitent aussi que le gouvernement trouve des solutions aux difficultés liées à la conservation et au transport du produit, à moins d’y implanter une usine de glace. Ils ont, en outre, appelé à des discussions diplomatiques et franches entre le Sénégal et la Mauritanie pour éviter les confits entre pêcheurs qui sont souvent sources de graves conséquences.
Khalifa Ababacar Ndaw, président du conseil départemental, initiateur dudit forum, soutient que l’événement est venu à point nommé. Car, dira-t-il, au moment où toutes les énergies sont consacrées à la réalisation de l’autosuffisance alimentaire en riz à l‘horizon 2017, il était tout aussi important pour eux de réfléchir à côté sur les voies et moyens permettant de réaliser une autosuffisance alimentaire en poissons. Ce qui est bel et bien possible, souligne-t-il. Poursuivant, le président du conseil départemental de Dagana, estime qu’il suffit tout simplement que les moyens soient là pour que le fort potentiel existant dans la zone soit valorisé au profit de ses braves populations qui travaillent jour et nuit et qui ne demandent rien d’autre qu’à être assistées.
La forte présence des acteurs du secteur, malgré les fortes précipitations tombées hier sur le département où des zones étaient coupées de la route nationale, prouvent nettement que les populations sont plus qu’intéressées par ce forum, ajoute M. Ndaw. C’est pourquoi, il souhaiterait que la résolution émanant des plénières et des différents ateliers ait un suivi attentif pour permettre aux acteurs de la pêche de développer le secteur au niveau de la zone.
Ayant pris part au forum, Mahamadou Signaté, directeur de la Pêche continentale, a offert, séance tenante, au nom du ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Oumar Guèye, d’importants lots de gilets, d’hameçons, de bobines et de plusieurs filets. Selon M. Signaté, le département de la Pêche veut faire de la zone du Walo une localité modèle en matière de gestion et de cogestion de la pêche continentale. Tout en saluant vivement l’initiative du président du conseil départemental qui a organisé un tel forum, le directeur de la pêche continentale dira que près de cinq milliards de francs Cfa seront consacrés par l’Etat à la subvention de la pêche maritime et continentale. Et de faire savoir que chaque pêcheur qui achète une pirogue où un moteur, bénéficiera d’une subvention d’un million de francs.
Sur les autres points soulevés par les acteurs, le directeur de la pêche continentale dira que l’Etat a pris toutes les dispositions pour leur permettre d’exercer leur activité dans les règles de l’art. Il a aussi promis de déposer la résolution sur la table du ministre de tutelle avant qu’elle ne soit portée à la connaissance du Premier ministre et du président de la République.