Le PDG du groupe Wal Fadjri est catégorique. La Constitution ne prévoit pas une prorogation du mandat du président de la République. Macky SALL a été élu en 2019 pour un mandat de cinq ans. Ce mandat arrive à terme le 02 avril 2024. Il n’y a aucune possibilité de le proroger.
Les suspicions d’un report du scrutin présidentiel du 25 février2024 n’emballent pas Me Cheikh Niass, Pdg du groupe de presse Wal Fadjri. Juriste de formation, Me Cheikh Niass croit dur comme fer qu’il est impossible de repousser ce rendez-vous électoral. «Le report n’est possible ni juridiquement ni moralement. La Constitution ne prévoit pas une prorogation du mandat du président de la République. Ila été élu en 2019 pour un mandat de cinq ans. Ce mandat arrive à terme le 02 avril 2024. Il n’y a aucune possibilité de le proroger», précise Me Niass en citant des dispositions pertinentes de la constitution. Invité de l’émission Sortie sur Walf Tv, Me Cheikh Niass soutient que la seule possibilité que la constitution offre au président de la République, en temps normal, c’est de réduire son mandat. Et cela ne repose que sur trois critères. Il s’agit, renseigne-t-il, de sa démission, de son empêchement définitif et de son décès. «Dans ce cas de figure, les électeurs seront appelés à élire un nouveau président de la République plutôt que prévu», explique-t-il. Quand Macky décide de démissionner, poursuit Me Niass, il est automatiquement remplacé par le président de l’Assemblée nationale. «Dans ce cas, on organise la présidentielle dans les60 jours au minimum et dans les90 jours au maximum. Dans le contexte actuel, s’il démissionne, le président de l’Assemblée doit organiser une élection le 02 avril 2024. C’est le seul cas», fait savoir le PDG de Walf. Par ailleurs, il rappelle que le Conseil constitutionnel avait refusé à Macky, en 2016, la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. Selon lui, les juges lui avaient opposé des raisons juridiques. «Ce qui importe, c’est la stabilité des institutions et la sécurité juridique. Le chef de l’Etat doit prêter attention à cela. Il doit permettre la tenue de la présidentielle à date échue pour que les Sénégalais puissent élire leur cinquième président. Ce sont des sondages qui poussent le camp présidentiel à vouloir reporter la présidentielle. L’article 52 est très clair sur le report. Il faut qu’on respecte le calendrier électoral. Il n’y a plus de possibilité de dé- poser un recours», dit-il.
«Bassirou Diomaye Faye doit être libéré… »
Le maintien en détention de Bassirou Diomaye Faye, candidat à la présidentielle, intrigue Me Cheikh Niass. Il a montré son opposition à sa détention provisoire. «Bassirou Diomaye Faye doit être libéré, car il a toutes les chances de gagner ces élections. Nous avons tous lu le texte qu’il avait publié sur Facebook. Je pense qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Le Conseil constitutionnel a validé sa candidature. Maintenant, comme tous les autres candidats, il doit bénéficier de la liberté provisoire. Il doit battre campagne», plaide-t-il ajoutant que le rejet de sa demande parle doyen des juges l’a vraiment surpris. «Il n’est pas condamné et il présente toutes les garanties de représentation. Les sondages montrent qu’il fait partie des favoris», ajoute-t-il. Cheikh Niass affirme par ailleurs que lorsqu’il défendait Pape Sané, il a vu en Oumar Maham Diallo, le doyen des juges, une personne véridique, pieuse, humble.
«L’histoire me donne raison, Amadou Bâ est un sans voix».
Il a également apporté des précisions à propos de son article polémique sur Amadou Bâ, candidat de Benno. Selon lui, cette parution découle d’une série de textes sur les profils des candidats qu’il avait décidé de publier sur les 20 candidats. «Il s’agit d’une rubrique qui paraît régulièrement dans WalfQuotidien pour parler des profils des différents candidats. J’ai constaté que, pour la première fois, 20 candidats se sont présentés, avec des profils intéressants. Je me suis dit qu’on aura une élection ouverte. Après cela, j’ai convoqué une réunion avec tous les responsables du groupe pour leur dire que je veux rencontrer tous les candidats. Ainsi, ils m’ont donné le feu vert, en me facilitant les contacts. Je me suis rendu chez tous les candidats. Dans les discussions, j’ai constaté leurs compétences, leurs comportements, les états d’esprit», explique-t-il. «Si j’avais pris parti, je n’allais pas rencontrer tous les candidats. J’ai rencontré tout le monde. C’est après que j’ai fait mes papiers. J’ai commencé avec Malick Gakou, puis Amadou Ba, Pape Djibril Fall. Je suis à neuf textes», ajoute-t-il. A la publication de chaque texte, estime Me Cheikh Niass, les lecteurs pensent qu’il sou-tient le candidat concerné. Alors que tel n’est pas le cas. «J’ai signé par Me Cheikh Niass. J’estime avoir cette liberté de ton comme je l’accorde à tous les employés du groupe. De la même manière, j’ai pensé avoir cette liberté de m’exprimer sans engager le groupe. Je n’apporte aucun soutien à qui que ce soit. Je ne soutiens aucun candidat. Nous leur avons juste proposé des partenariats. Malheureusement, dans notre pays, il y a des gens qui savent faire le discernement, mais décident de manipuler. D’autres ne comprennent pas. Il y a beaucoup de manipulations. C’est normal car le contexte s’y prête», dit-il.
La ligne de Walf ne changera jamais
Selon Me Cheikh Niass, son bilan des cinq ans à la tête du groupe de presse est mitigé. Selon lui, il y a eu des hauts et des bas. «Nous avons traversé des situations difficiles. Nous avons été lourdement impactés à cause des crises politique et sanitaire. J’avais vendu la maison de mon père pour gérer les charges du groupe. Le groupe est toujours dans le rouge. Mais cela ne va pas nous pousser à changer notre démarche. La ligne de Walf ne changera pas. Nous sommes intransigeants sur le respect de la ligne de conduite du groupe», rassure-t-il.
Salif KA