En liberté provisoire, Serigne Assane Mbacké a convié, hier, la presse pour revenir sur son arrestation et ses conditions de détention à la prison de Diourbel. Ce petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba ne s’est pas limité à dénoncer son incarcération «arbitraire», il a aussi mis sur la place publique les propositions «indécentes des émissaires du pouvoir» qu’il recevait en détention.
La sortie de Serigne Assane Mbacké, élargi de prison à la veille du grand Magal de Touba, risque de créer un tollé. Ce dernier, qui a échangé, hier, avec la presse sur les péripéties de son arrestation, a tenu des révélations explosives. Entre propositions d’exil, celle de tourner le dos à Sonko, ce petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba a mis sur la place publique toutes ses discussions avec des émissaires du régime qu’il recevait en détention. «La tenue de cette conférence est pour moi un acte de grande bravoure, de courage et de détermination. Parce que depuis l’annonce de cette rencontre, j’ai reçu toutes sortes de menaces possibles et imaginables. Ces intimidations tentaient de me dissuader de prendre la parole. Mais, ce n’est que peine perdue. Petit-fils de Serigne Touba, de Mame Thierno Birahim, de Serigne Mboussobé et de Cheikh Mouhammadou Fadal, je ne saurais être du rang des peureux qui lâchent prise dès la première bravade. Que ceux qui ont essayé se le tiennent pour dit : Serigne Assane Mbacké n’est ni un couard, ni un corruptible», lance-t-il.
Après des dénonciations de ses retours de parquet, le refus d’attribuer des permis de visite à ses proches, il indique que son incarcération, en plus d’être «lâche et arbitraire, a été ordonnée par Macky Sall». Après la notification de la garde à vue, poursuit-il, lui et ses camarades de fortune ont été déférés. «Ce que les gens ne savent pas, c’est que j’ai eu quatre retours de parquet. Une pratique, malheureusement, courante qui vient gonfler les nombreux abus dont sont victimes les militants et sympathisants de Pastef et de l’opposition dans son ensemble», déplore ce petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Ces retours de parquet, fait-il savoir, étaient loin d’être fortuits. Ils étaient «sciemment organisés pour laisser à mes ravisseurs le temps de me soumettre des propositions, m’invitant à abandonner la lutte si, je voulais éviter le mandat de dépôt», dénonce-t-il. «Naturellement, à toutes ces propositions, j’ai opposé une fin de non-recevoir. C’est ainsi que j’ai fait face au procureur qui s’est précipité à requérir un mandat de dépôt contre moi», raconte Serigne Assane Mbacké.
Deux mois et demi sans recevoir de visite
Selon lui, une fois à la maison d’arrêt de Diourbel, il est resté deux mois et demi sans recevoir de visite. «Toute demande de ma famille ou de mes amis était systématiquement rejetée. Pourtant, au même moment, ils permettaient à des émissaires de Macky Sall de venir me voir pour poursuivre les tentatives de dissuasion. Des personnes, envoyées par le régime, m’ont proposé des millions et même l’exil. La seule condition posée était de tourner le dos à Ousmane Sonko», révèle le jeune marabout. Qui ajoute : «Et le comble, c’est quand un très proche collaborateur de Macky Sall lui-même, m’a appelé au téléphone depuis La Mecque où ils effectuaient la Umrah ensemble, pour me proposer la somme de 200 millions de francs Cfa. Il m’a ensuite passé le président lui-même qui m’a dit : ‘Serigne Assane, tu devrais arrêter ton activisme ; tu as été un de mes plus farouches défenseurs, tu t’es longtemps battu pour moi. Il faut revenir vers moi’. Mais, là encore, j’ai décliné son invitation. Et, en cette période, Dieu sait que j’étais à quatre mois d’arriérés de loyer dus à mon bailleur à Dakar».
Serigne Assane Mbacké a été interpelé suite à la manifestation du 10 février dernier, organisée par Pastef. Il a recouvré la liberté après plus de six mois de détention préventive.
Salif KA