La sage-femme et l’aide infirmière qui sont poursuivies dans le cadre du drame de Tivaouane ne semblent être que les agneaux du sacrifice. Pourtant, des rapports montrent que ce drame aurait pu être évité si l’hôpital Mame Abdoul Aziz Sy avait les équipements nécessaires pour son fonctionnement.
La sage-femme, Awa Diop et Coumba Mbodji, aide-infirmière, incriminées dans l’affaire des 11 bébés morts calcinés à l’unité néonatalogie de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, ont passé, hier, leur première nuit en prison. Elles ont été déférées devant le procureur au terme de leur garde à vue au commissariat urbain de la ville devant le parquet. Arrêtées dans le cadre de l’enquête menée par la Division des investigations criminelles (Dic), elles ont été inculpées, puis placées sous mandat de dépôt pour «délaissement d’enfants dans un lieu solitaire». Un délit qui sera certainement requalifié en «non-assistance d’une personne en danger».
Leurs collègues qui avaient pris d’assaut les locaux de la police, ont dénoncé la procédure d’enquête. Pour eux, ces agents de santé ne sont pas des sapeurs-pompiers. Ils ne sont habilités, disent-ils, à éteindre un feu parce que n’ayant pas été formés pour faire face au feu. «Quelle est, aujourd’hui, la blouse blanche qui a aussi les mêmes compétences que les sapeurs-pompiers ? Depuis quand les blouses blanches sont devenues des sapeurs-pompiers pour éteindre un feu d’une telle ampleur ?», s’est interrogé un des collègues détenus.Pourtant, des rapports montrent que des défaillances dans les installations électriques et un manque de matériel de secours sont principalement la source du drame à l’hôpital de Tivaouane. Ils ont véritablement alourdi le bilan macabre. Ceux qui sont à l’origine de ces défaillances ne sont pas inquiétés, du moins pour le moment. L’enquête ouverte dans ce sens ne vise que le personnel de santé, notamment la sage femme et l’aide-infirmière, qui semblent être aujourd’hui les agneaux du sacrifice.
Dans le passé, il y a eu des interpellations de «blouses blanches» suite à des incendies déclarés dans les hôpitaux. Suite au drame de Tivaouane, Cheikh Diop, directeur des ressources humaines (Drh) a été interpellé «pour nécessité d’enquête» avant d’être libéré. Le président de la République qui avait limogé Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et de l’Action sociale, avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités. Cela a toujours été ainsi car les enquêtes enclachées n’ont jamais été suivies d’effet.
A l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, seules six sages-femmes ont été interpellées après le décès en couches de Astou Sokhna. Elles ont été placées sous mandat de dépôt. Depuis le 10 mai, elles hument l’air de la liberté après la décision rendue par le tribunal. Le juge a, en effet, reconnu coupables trois d’entre elles de «non-assistance à personne en danger» avant de les condamner à six mois de prison assortis du sursis.
La relaxe a été prononcée à l’encontre des trois autres. Pourtant le juge avait déploré les actes posés par les prévenues dans cette affaire.
A Kaolack, une enquête a été ouverte après qu’un bébé a été déclaré mort alors qu’il était encore en vie avant finalement de mourir. L’assistante infirmière qui a été interpelée dans cette affaire a été placée sous mandat de dépôt, puis libérée provisoirement. Son procès, après deux renvois, est prévu ce matin, devant le tribunal correctionnel de Kaolack. Elle comparaitra libre. Elle est, comme les autres citées en sus, poursuivie pour «mise en danger de la vie d’autrui et usurpation de fonctions de médecin». Même scénario à l’hôpital Magatte Lô de Linguère lors de la mort de quatre nourrissons dans un incendie. Les infirmières incriminées, après plusieurs renvois de leur procès, seront jugées le 08 juin prochain devant le Tribunal correctionnel de Louga.
Salif KA